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Covid-19: plusieurs études soulignent l'efficacité des corticoïdes sur les cas graves

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Plusieurs études ont prouvé l'efficacité des corticoïdes quand ils sont utilisés chez des patients dans un état grave, ils permettent de réduire dans certains cas de 21% la mortalité due au Covid-19.

Depuis juin, plusieurs études ont prouvé les bénéfices des corticoïdes chez les patients gravement atteints. Selon une série de travaux parus le 2 septembre dans la revue médicale américaine Jama, ces médicaments permettent de réduire de 21% la mortalité au bout de 28 jours chez les patients atteints d'un Covid-19 sévère, en combattant l'inflammation caractéristique des formes graves.

"En les utilisant largement, il y a des essais qui ont montré qu'il y avait une diminution de la mortalité de 30%", explique ce mercredi sur BFMTV Eric Maury, professeur de médecine intensive et de réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

Aucun autre médicament n'a montré un effet significatif de réduction de la mortalité. L'Organisation mondiale de la santé a recommandé la semaine dernière "l'usage systématique des corticoïdes chez les patients atteints d'une forme sévère ou critique" de la maladie. "C'est un traitement qui va sauver des vies", déclare à l'AFP Djillali Annane chef du service de médecine intensive-réanimation de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine).

A quoi servent les corticoïdes face au coronavirus?

Les corticoïdes sont des hormones naturelles produites par l'homme, et leurs dérivés synthétiques. Ils sont utilisés habituellement pour leurs effets anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs. Actuellement, des millions de personnes asthmatiques ou souffrant de rhumatismes articulaires en prennent.

"Les corticoïdes n'agissent pas directement sur le coronavirus: ils vont prévenir l'inflammation produite par le virus, ou si cette inflammation est déjà survenue, vont en diminuer l'intensité et en raccourcir la durée", explique Djillali Annane.

L'essai clinique Recovery a par exemple prouvé que la dexaméthasone - corticostéroïde, une molécule de synthèse - apportait un bénéfice aux patients du Covid-19 gravement atteints. Il existe également l'hydrocortisone, la méthylprednisolone ou encore la bétaméthasone, énumère Djillali Annane.

"Ce traitement est non seulement bénéfique dans les formes graves en réanimation, mais aussi pour les patients qui se trouvent sous oxygène sans être dans un état suffisamment grave pour aller en réa", continue Djillali Annane. "Le traitement peut justement empêcher leur état de s'aggraver et leur éviter d'y aller".

Utilisées dans les cas les plus graves

En mars, pourtant, le ministre de la Santé Olivier Véran avait déclaré que les anti-inflammatoires pouvaient être "un facteur d'aggravation de l'infection". L'Organisation Mondiale de la Santé déconseillait dans le même temps le recours aux corticostéroïdes car "le traitement de routine par corticostéroïdes de la pneumonie virale ou du syndrome de détresse respiratoire aigu est peu efficace et pourrait entraîner des effets indésirables".

"C'est surtout les anti-inflammatoires non stéroïdiens que l'on déconseillait. Il y a toujours un problème avec les stéroïdes et les infections virales, on est toujours partagés", explique Eric Maury, mais "là, dans le Covid, on montre que ça marche chez les patients en réanimation".

En revanche, il précise que "chez les patients qui ne sont pas en réanimation, chez les patients qui ne sont pas dans un état grave, l'effet n'a pas été montré, et ça pourrait être délétère". Il est donc important de n'en prendre que sous la surveillance d'un médecin, et pas en prévention, car consommer des stéroïdes n'empêche pas d'attraper le coronavirus.

"Ça n'est absolument pas un traitement préventif, on ne doit pas le prendre si on n'a pas de symptôme", abonde Djillali Annane.

Pas cher et accessible

Outre son efficacité en tant que traitement du Covid-19, les corticoïdes ont d'autres avantages majeurs. "Ça coûte de 10 à 40 euros pour traiter un patient et c'est disponible partout dans le monde, dans les pays les plus pauvres comme les plus riches", s'enthousiasme le médecin.

Il rappelle également que plusieurs molécules existent, de synthèse ou naturelle, ce qui permet d'obtenir le traitement de différentes façons, et d'éviter que le monde entier se rue sur un même médicament, entraînant sa pénurie.

Se réjouissant de cette avancée majeure dans la lutte contre le coronavirus, Eric Maury rappelle toutefois que ce remède n'est pas miracle, car toutes les morts ne sont pas empêchées. "On sera vraiment tranquille quand on aura découvert un vaccin, et ça c'est une inconnue qui est majeure", lance-t-il.

Par Salomé Vincendon avec AFP