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Covid-19: les soignants ont-ils le droit de vacciner les moins de 55 ans avec AstraZeneca?

Des flacons de vaccin AstraZeneca vides après leur utilisation dans un centre de vaccination à Madrid, le 24 mars 2020

Des flacons de vaccin AstraZeneca vides après leur utilisation dans un centre de vaccination à Madrid, le 24 mars 2020 - GABRIEL BOUYS © 2019 AFP

Depuis la mi-mars, la Haute Autorité de Santé ne recommande plus la vaccination des moins de 55 ans avec AstraZeneca, en raison des risques (minimes) de thromboses. Mais à quoi s'exposent les professionnels de santé qui décideraient tout de même de vacciner leurs patients?

En raison de quelques rares cas de thromboses repérés en Europe et en France, le vaccin AstraZeneca n'est plus administré aux personnes de moins de 55 ans depuis le 19 mars dernier. Une décision qui suscite une certaine frustration chez certains publics non-prioritaires, qui seraient tout de même prêts à se faire vacciner avec le sérum britannico-suédois.

Par conséquent, depuis le mois de mars, certains soignants en France font le choix de vacciner certains de leurs patients de moins de 55 ans à l'AstraZeneca, comme l'expliquait samedi dans ses colonnes le Parisien. Mais est-ce bien légal, alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) recommandait le contraire?

Interrogé sur le sort réservé aux fins de flacons, le ministère de la Santé rappelle que "le médecin a une liberté de prescription". Dans le cas d'AstraZeneca, le professionnel de santé est juge. "La règle générale, c’est de vacciner dans la cible. La règle circonstancielle, c’est éviter que la moindre dose ne soit gâchée", confie-t-on au ministère de la Santé.

Quelle responsabilité pour le soignant?

Ainsi, c'est au soignant d'apprécier au cas par cas le risque sur lequel il a été alerté, par exemple s'il a une personne de 54 ans sur sa liste d'attente, il peut faire le choix de la vacciner. Mais de l'avis de plusieurs interlocuteurs, l'immense majorité des professionnels de santé en France ont bien tous en tête les consignes qui ont été édictées, à la fois par la HAS et par le ministère. Rares seraient donc ceux qui vaccineraient des patients en dessous de l'âge recommandé.

Quant aux médecins qui décideraient de contourner cette recommandation, le ministère de la Santé et l'ANSM assurent que leur responsabilité ne pourrait aucunement être engagée si un patient "hors cible" était victime d'un effet indésirable grave lié au vaccin. Le ministère explique que c'est l'autorisation de mise sur le marché du vaccin qui prévaut.

Mais les professionnels interrogés par BFMTV, eux, sont beaucoup plus prudents. Ils estiment qu'en cas de litige, l'interprétation des tribunaux pourrait être différente. Des syndicats de pharmaciens ou de médecins généralistes ont appelé leurs adhérents à s'en tenir strictement aux recommandations de la HAS.

Un risque de thrombose minime

En dessous de 55 ans, le risque de développer une thrombose rare liée au vaccin AstraZeneca n'est estimé qu'à 0.0008%, sur le total des injections en France. Les publics de moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose d'AstraZeneca se verront proposer un vaccin différent pour la seconde dose, ont annoncé vendredi les autorités de santé, alors que les tout premiers signes de ralentissement de la troisième vague épidémique de Covid-19 sont observés.

Cette nouvelle règle concerne 533.000 personnes qui avaient reçu leur première injection avant que le vaccin du laboratoire anglo-suédois soit suspendu, le 19 mars, pour ces tranches d'âge, en raison de rares cas de thromboses (caillots sanguins) repérés en Europe.

Alexis Cuvillier avec Jeanne Bulant