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Covid-19: le gouvernement suit de près la piste d'un traitement à base d'anticorps monoclonaux

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Ce traitement, administré à Donald Trump en octobre dernier, permettrait aux patients à risque de ne pas développer une forme grave de la maladie.

Parallèlement à la vaste campagne de vaccination qui est en cours en France ainsi que dans la plupart des pays européens, les autorités scientifiques travaillent sur un traitement "prometteur" qui pourrait permettre aux personnes à risque de ne pas développer une forme grave du Covid-19. A condition qu'il leur soit administré très peu de temps après la confirmation de leur infection.

Considéré par de nombreux experts, mais aussi par le gouvernement français, comme une "lueur d'espoir", ce traitement à base d'anticorps monoclonaux a d'ailleurs été au coeur d'une discussion au plus haut sommet de l'Etat cette semaine, a révélé ce dimanche sur notre antenne le porte-parole du gouvernement.

"A chaque fois qu'il y a des traitements qui semblent prometteurs, on investit pour regarder si effectivement ces traitements sont confirmés", a affirmé Gabriel Attal. Et d'ajouter: "Les anticorps monoclonaux en font partie."

"Il y a eu une réunion autour du président de la République sur ce sujet-là et je peux vous confirmer que l'on va développer des protocoles cliniques pour travailler cette piste-là", a-t-il déclaré.

Un traitement qui a déjà fait ses preuves sur d'autres pathologies

Administré à Donald Trump début octobre, ce traitement alors expérimental dans le cadre du Covid-19, n'est toutefois pas "une idée nouvelle", comme le souligne au micro de BFMTV le Professeur Christian Rabaud, infectiologue au CHRU de Nancy. "Cela a déjà été utilisé dans d'autres pathologies comme l'hépatite B", rappelle-t-il.

"Lorsque l'on est infecté par le virus, on développe environ 5000 types d'anticorps, produits par nos lymphocytes essentiellement. L'idée de ce traitement est d'aller chercher les anticorps neutralisants les plus performants, de les produire en laboratoire - ce sont donc bien des anticorps artificiels - et de stimuler, par une injection, une immunité dite passive", explique à BFMTV Yves Coopieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique.

D'après Gabriel Attal, qui cite les dernières recherches scientifiques, ce traitement s'adresse "à des personnes qui sont à risque de faire une forme grave de la maladie quand elles viennent d'avoir leur diagnostic positif ou qu'elles sont au tout début des symptômes" et qu'elles n'ont pas encore été vaccinées. Une information confirmée par Yves Coopieters qui précise que les études les plus récentes soulignent que "ces anticorps monoclonaux diminuent aussi la charge virale".

Une thérapie facilement adaptable aux variants

Interrogés sur l'efficacité de ce traitement sur les variants du Covid-19, les deux épidémiologistes se montrent optimistes. "Pour l'instant, nous n'avons pas d'informations par rapport à la souche britannique et à la souche sud-africaine mais tout comme les vaccins à ARN messager, ce sont des méthodologies qui peuvent facilement s'adapter à ces nouveaux variants", affirme Yves Coopieters.

"Il faut que les laboratoires développent et testent de nouveau leurs anticorps synthétiques par rapport à ces mutations. Il y a des études en cours en Italie et au Royaume-Uni notamment et nous aurons rapidement cette information", ajoute-t-il.

"On peut faire des anticorps monoclonaux différents en fonction de l'évolution potentielle du virus et des cibles. C'est un outil intéressant", abonde Christian Rabaud qui alerte toutefois sur les risques de ce traitement qui pourrait "potentiellement aider le virus à muter".

Outre les États-Unis, qui ont autorisé le 22 novembre dernier le produit développé par la firme Regeneron, l'Allemagne est le premier pays européen à utiliser officiellement ce traitement à base d'anticorps de synthèse. Le ministre de la Santé, Jens Spahn, a annoncé le 24 janvier, que le gouvernement allemand venait d'acheter 200.000 doses pour un montant global de 400 millions d'euros.

Mélanie Rostagnat Journaliste BFMTV