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Coronavirus: le Conseil scientifique juge "extrêmement probable" l'arrivée d'une deuxième vague

En se basant sur trois critères, dont la faible immunité collective en France, le Conseil scientifique appelle les autorités à la plus grande vigilance.

En avons-nous terminé avec le Covid-19? Si, pour l'heure, il est trop tôt pour parler d'une seconde vague de coronavirus en France métropolitaine, le Conseil scientifique, dans un avis remis au gouvernement ce dimanche, appelle à la plus grande vigilance. Selon les treize membres qui le composent, le retour en force de la maladie sur le territoire français, à court ou moyen terme, est une probabilité.

"Une intensification de la circulation du SARSCoV-2 dans l’hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l’approche de l’hiver) est extrêmement probable", peut-on lire.

Trois critères

Pour en arriver à cette conclusion, le Conseil scientifique s’appuie sur trois critères. Tout d’abord, la faible immunité collective en France, estimée aujourd’hui à 5% de la population, un chiffre insuffisant "pour empêcher la survenue d’une deuxième vague épidémique".

Puis, vient la circulation du virus, encore très importante en dehors de l'Europe, et en particulier dans l’hémisphère sud. Plusieurs pays, qui rentrent actuellement en période hivernale, connaissent une multiplication incontrôlée des cas. Au Brésil, deuxième pays le plus touché au monde derrière les Etats-Unis, on dénombre un total de 51.271 morts pour plus de 1,1 million de cas.

En guise de troisième argument est évoqué "l’expérience des pandémies grippales", qui a permis de statuer sur un point détérminant: ces dernières "se sont déroulées en deux ou trois vagues avant d’adopter un rythme saisonnier."

"On sait de façon inhérente, qu’à l’automne, dans les pays tempérés comme la France, il y a plus de virus qui circulent, et qu’on va se retrouver dans des conditions propices", analyse auprès de BFMTV Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

"Parce que quand il fait plus froid, on est plus souvent dans des atmosphères confinées, on est donc plus rassemblées, plus collés, on est moins à l’extérieur, et on a moins de distanciation", poursuit le spécialiste.

"On a réfléchi, on a regardé ce qui s’était passé par le passé. C’est systématiquement la même chose, il y a une émergence virale, une diffusion épidémique au printemps et été et font les virus le tour de la planète. Ils se calent sur une saisonnalité hivernale pour les pays tempérés", assure de son côté Bruno Lina, membre du conseil scientifique Covid-19.

Une question qui fait encore débat

Si le Conseil scientifique se prépare volontairement aux pires scénarios, la question de la deuxième vague reste l'objet d'un vif débat au sein-même de la communauté scientifique. Au moment du déconfinement, plusieurs d’entre eux, dont le professeur Didier Raoult, estimaient qu’un retour en force du Covid-19 de la maladie était plus qu’improbable.

La semaine passée, ce même directeur général de l’IHU Méditerranée Infection jugeait désormais qu’il fallait surveiller de près la Nouvelle-Zélande, pays au climat similaire à celui de la France, qui va entamer la saison hivernale.

En cas de deuxième vague effective, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a fait savoir, lors de son audition à l'Assemblée nationale, qu’un plan était d’ores et déjà prêt. Il a en effet considéré qu’un "confinement partiel" de la population pourrait être envisagé.

"Le conseil scientifique est dans son rôle, celui d’imaginer tout ce qui peut se passer. Il le dit très clairement, ‘on vous donne un retour d’expérience pour lutter contre l’impréparation'", analyse ce mardi matin le consultant santé de BFMTV, Alain Ducardonnet.

"Quelques mois" pour se préparer

À bien des égards, l'avis du Conseil scientifique doit permettre aux autorités de s’organiser dès à présent. C'est en tout ce que plaident certains de ses membres.

"On a quand même quelques semaines, voire j’espère quelques mois pour préparer ce jour d’ouverture de lits […] parce que la deuxième vague pourrait être beaucoup plus importante que la première", explique, auprès de Libération, la réanimatrice Lila Bouadma.

Pour Bruno Lima, la préparation pour les semaines à venir s'apparente à un "chantier."

"Il y a toute une structuration qu’il faut maintenir dans la durée, il faut se coordonner, c’est encore en construction mais par rapport à mars on est prêts. Il faut des ajustements", conclut-il.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV