Arrêts de travail, soins, examens... Ces prescriptions que certaines infirmières sont désormais autorisées à faire

Une infirmière s'occupe de patients en soins intensifs à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, près de Paris, le 27 mai 2021 - BERTRAND GUAY
Le gouvernement a publié ce mercredi 30 avril au Journal officiel la liste des médicaments et soins que vont pouvoir prescrire les infirmières en pratique avancée (IPA) sans intervention d'un médecin.
Le droit de prescription, réservé aux IPA travaillant en collaboration avec des médecins dans une structure (hôpital, centre de santé...) s'inscrit dans le cadre des efforts actuels de l'exécutif et du Parlement pour répondre à la désertification médicale.
Il va permettre d'appliquer concrètement une disposition de la loi Rist de 2023, ouvrant un droit d'accès direct aux infirmières en pratique avancée, sans passer par les médecins.
Une "avancée fondamentale"
L'arrêté est "une avancée fondamentale qui s'inscrit pleinement dans le cadre du pacte de lutte contre les déserts médicaux que je porte avec le Premier ministre et qui reflète la capacité de nos professionnels de santé à unir leurs forces pour faire progresser le système de santé", a déclaré le ministre de la Santé, Yannick Neuder, sur X.
Cette "avancée décisive pour la reconnaissance des compétences des IPA" reflète "une évolution des pratiques, une confiance renouvelée envers les soignants, mais aussi une volonté politique", a de son côté salué dans un communiqué le syndicat d'IPA Unipa. "Il reste maintenant à inscrire en urgence ces compétences dans la convention" des professionnels avec l'Assurance maladie, a-t-il indiqué.
Les infirmières de pratique avancée font deux années de plus d'études que les infirmières, soit 5 ans au total, et ont des prérogatives plus étendues en matière de soins. Environ 3.000 IPA ont été formées depuis la première promotion, en 2019.
Examens, soins... Les prescriptions concernées
Aux termes de l'arrêté publié mercredi, les IPA pourront prescrire notamment des arrêts de travail jusqu'à 3 jours, des transports sanitaires, des antalgiques de base, certains antidiarrhéiques, l'amoxicilline pour l'angine bactérienne en cas de test positif, la fosfomycine pour la cystite sans complication, des examens comme la mammographie ou le frottis...
Ces prescriptions "ne peuvent être renouvelées sans concertation médicale", précise l'arrêté. En fonction de la spécialité de l'IPA (polypathologies, oncologie, maladie rénale, psychiatrie, urgences...), des médicaments et soins supplémentaires pourront être prescrits, mais pour la plupart sous réserve d'un diagnostic médical préalable.
La profession d'infirmière dans son ensemble est en train d'évoluer profondément. Le Sénat examine en ce moment une proposition de loi refondant le cadre législatif encadrant le métier, qui étend l'accès direct aux infirmières.
"La France commence enfin à révolutionner son système de santé et le parcours du patient. Il était temps, les patients ne pouvaient plus être laissés sans solutions dans les déserts médicaux", a déclaré à l'AFP Grégory Caumes, juriste expert des questions de santé et défenseur de longue date d'un rôle accru des infirmières dans les soins.