Visite de François Hollande: quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie?

François Hollande s'est recueilli lundi sur la tombe de kanaks tués en 1984 en Nouvelle-Calédonie. - Alain Jocard - AFP
François Hollande achève lundi sa première visite en Nouvelle-Calédonie pour un passage éclair de 36 heures dans cet archipel français qui se trouve à 1.500 kilomètres à l’est de l’Australie. Le président a été accueilli dès son arrivée par une manifestation du collectif "Restons français", qui s'oppose à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
Car ce territoire français, situé au milieu du Pacifique entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, connaît une période délicate: un référendum d'autodétermination, qui pourrait couper les ponts avec la France, devra se tenir au plus tard en 2018. BFMTV.com fait le point.
Quel est le statut de la Nouvelle-Calédonie aujourd'hui?
Aujourd'hui, la Nouvelle-Calédonie est déjà responsable de larges pans de sa vie publique, de la santé à l'éducation en passant par la sécurité civile, l'environnement ou la fiscalité.
Devenue française en 1853, elle accède en 1946 au statut de territoire d'Outre-mer et a connu depuis une grande diversité de statuts juridiques. Les années 1980 sont marquées par les violences entre les caldoches (loyalistes) et les Kanaks (indépendantistes). Elles débouchent sur les accords de Matignon en 1988 qui prévoient un référendum d'autodétermination dix ans plus tard.
L'accord de Nouméa et le "statut de collectivité spécifique"
En 1998 est signé l’accord de Nouméa qui entend "ouvrir une nouvelle étape (…) sur la voie de la décolonisation". Il confère à l’archipel le statut de collectivité spécifique de la République, dotée d’une autonomie s’élargissant au fur et à mesure des transferts des compétences de l’Etat à La Nouvelle-Calédonie, rappelle Le Monde.fr.
Cet accord prévoit en outre qu' "au terme d'une période de vingt années, le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l'accès à un statut international de pleine responsabilité et l'organisation de la citoyenneté en nationalité seront proposés au vote des populations intéressées". Ce référendum doit être organisé d'après le texte entre mai 2014 et novembre 2018.
Vers un état calédonien indépendant?
Au travers du référendum d'autodétermination, la France espère réussir pour la première fois de son histoire un processus de décolonisation par l'accompagnement plutôt que par la rupture. C'est au Congrès que revient de mettre en œuvre la sortie de l’accord de Nouméa: soit, comme le prévoit l’accord, en allant vers des référendums d’autodétermination (pour ou contre l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie?), soit en trouvant par la négociation une solution qui satisfasse les deux blocs, et qui pourrait ensuite être proposée à la ratification des Calédoniens, explique La Croix.
Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de donner à la Nouvelle-Calédonie un statut durable, qui pourrait être celui d’un état indépendant ou d’une collectivité inscrite à l’intérieur de la République française, avec une large autonomie dont le contour restera à préciser.
Hollande réaffirme la neutralité de l'Etat français
Mais les indépendantistes et les loyalistes sont aujourd'hui très loin d'un consensus. Et François Hollande n'a pas souhaité s'immiscer dans le débat. "Ce sont les Calédoniens qui auront le dernier mot", a-t-il martelé. Le chef de l'Etat a d'ailleurs rendu un hommage croisé aux signataires, en 1988, des accords de Matignon, le "caldoche" Jacques Lafleur, et l'indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, allant se recueillir sur leurs tombes, à Nouméa et dans la Province nord.
Le nickel, au cœur des enjeux
Elément central du processus de décolonisation, la gestion du nickel est l'objet de vifs débats entre indépendantistes, partisans d'une maîtrise publique de cette richesse, et non-indépendantistes à la vision plus libérale. Le nickel est la première richesse de l'archipel, elle possède en effet un quart des ressources mondiales.
Les discussions menées depuis octobre 2010, sous la houlette d'Anne Dutilheul, chargée par l'Etat d'élaborer avec les dirigeants calédoniens un Schéma stratégique industriel, n'ont toujours pas abouti, faute de convergence de vue entre les élus locaux.
François Hollande a inauguré lundi l'usine de traitement du nickel KNS de Voh, dans le Nord. Il a souligné que ce site industriel était un "symbole fort du rééquilibrage" économique entre la riche Province du sud et celle du nord, peuplée majoritairement de Kanaks et gérée par les indépendantistes.