Utilisation du 49.3: pour Rachida Dati le gouvernement a rompu sa promesse de "dialogue"

Rachida Dati est la candidate des Républicains à la mairie de Paris. Mais ce dimanche, c'est la politique nationale qui aimante le commentaire politique, au lendemain de l'annonce par le Premier ministre du recours à l'article 49.3 de la constitution afin de pousser à l'adoption sans vote de son projet controversé de réforme des retraites. Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice entre 2007 et 2009, n'a pas d'opposition de principe à l'initiative d'Edouard Philippe.
"J’ai été Garde des Sceaux, j’ai réformé la constitution. Le 49.3 est un outil constitutionnel qui peut être nécessaire quand il y a une obstruction", a-t-elle lâché, visant la gauche.
Elle dénonce un "manque de respect pour l'Assemblée nationale"
En revanche, elle y voit un manque de considération du gouvernement à l'endroit de l'Assemblée nationale:
"Ce qui me gêne dans ce 49.3, c’est que souvent on anticipe, on consulte les groupes politiques, les parlementaires, y compris le président de l’Assemblée nationale, ça n’a pas été le cas. Tout le monde a été très surpris. Le Conseil des ministres s’est réuni pour la crise du coronavirus. Et on sort avec un 49.3 sur la réforme des retraites. C’est ne pas avoir de respect pour l’Assemblée nationale."
"On ajoute de la confusion à la fracture"
Celle qui est déjà maire du 7e arrondissement a ironisé, en repensant aux déclarations d'intention de l'exécutif: "Le gouvernement et Edouard Philippe avaient dit que cette deuxième partie du quinquennat serait celle du dialogue, de l’apaisement, de la proximité, on n’y est pas." Elle a également dénoncé ce passage en force s'agissant d'un texte qui n'a pas manqué de susciter de nombreuses critiques, tant politiques qu'institutionnelles.
"Personne ne sait les conséquences de cette réforme des retraites. Elle est critiquée par l’opposition, mais aussi par le Conseil d’Etat qui considère que le texte n’est pas assez clair. Quand il y a ce genre de réserves, on revoit sa copie. Ils ne l’ont pas fait. Il y a un flou sur les mesures et sur le financement", a-t-elle pointé.
Rachida Dati a troussé sa position en une formule: "La France est fracturée et on ajoute de la confusion à la fracture." "Je ne trouve pas la France apaisée. Et là c’est au cœur de Paris. L’ensemble des manifestations se sont passées à Paris. J’ai peur que ce 49.3 oppose un peu plus les Français les uns aux autres", a-t-elle encore achevé.