Sondage: 7 Français sur 10 veulent une mobilisation unitaire de la gauche et des syndicats

Des affiches électorales en faveur de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon durant la campagne présidentielle. - Philippe LOPEZ / AFP
Tracer son chemin chacun dans son coin ou faire front commun? C'est l'une des interrogations des opposants à la politique sociale et économique menée par l'exécutif alors que le pays est marqué depuis plusieurs semaines par diverses revendications. Le dernier sondage "L'opinion en direct" dirigé par Elabe, que nous publions ce mercredi, s'est chargé d'apporter des éléments de réponse. Il apparaît que parmi les Français sondés, 68% souhaitent une union des forces politiques de gauche et des syndicats de salariés, ainsi que des actions communes de leur part en vue de s'opposer à la feuille de route gouvernementale.
Consensus partiel
A gauche, cette concorde est voulue par 87% des sympathisants de La France insoumise et par la même proportion au sein du Parti socialiste. S'ils sont moins intéressés par la partie, soutiens des Républicains ou frontistes ont aussi leur avis sur la question: 62% des premiers estiment que l'attitude de l'opposition de gauche devrait être unitaire, tout comme 69% des seconds. Divergence d'analyse ou réaction politique logique venant de la majorité, les sympathisants de La République en marche se singularisent en étant 56% à souhaiter que la gauche avance en ordre dispersé.
Au-delà des seuls cortèges de manifestants, le sujet est ici celui de l'union, ou non, des gauches. Et il semble qu'il se glisse là un hiatus entre l'opinion des Français dans leur ensemble et celle des personnes liées aux familles politiques concernées. En effet, alors que La France insoumise s'affirme comme la locomotive de l'opposition de gauche voire de l'opposition tout court (23% des Français déclarant dans cette même enquête qu'il s'agit du mouvement incarnant le mieux la contradiction au camp présidentiel, ce qui le place sous ce rapport en première position bien qu'une majorité relative de 46% n'accordent ce titre à aucun parti), une large part du panel ne veut pas la voir se rapprocher de ses voisins.
Ils sont 62% à rejeter une telle alliance avec le Parti socialiste, 60% s'inscrivent en faux contre une éventuelle passerelle entre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et Génération.s, fondé par Benoît Hamon. Ils sont encore 60% à se montrer rétifs à l'égard d'une telle initiative en direction du Parti communiste français et 56% ne veulent pas d'un attelage France insoumise- Europe Ecologie-Les Verts.
Tendre la main?
Mais la mélodie n'est pas la même chez les principaux intéressés: 63% des sympathisants de gauche appuient une alliance de la FI avec le PCF, 63% désirent aussi qu'une main insoumise se tende vers les écologistes. 62% de ces personnes appellent de leurs vœux un rapprochement avec Génération.s et 53% vis-à-vis du PS. Et les électeurs de La France insoumise portent aussi ce discours: 66% sont ainsi favorables à une alliance avec Génération.s, 64% avec EELV et 62% avec le PCF.
En revanche, il est des passions qui ne passent pas. 59% des sympathisants de La France insoumise refusent qu'une alliance soit conclue avec le PS. Un nouveau camouflet pour ce dernier parti dont l'étoile a nettement pâli à gauche. 67% des sympathisants du PS, qui vient de placer à sa tête le social-démocrate Olivier Faure, disent souhaiter un accord avec la France insoumise.
Echantillon de 1004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l'interviewé après stratification par région et catégorie d'agglomération. Interrogation par Internet du 30 avril au 2 mai 2018.