Régionales: Sarkozy exhorte l'UMP à faire bloc derrière Pécresse

Nicolas Sarkozy exhorte l'UMP à faire bloc derrière sa chef de file aux élections régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui est confrontée à des dissensions internes et à de mauvais sondages. /Photo prise le 30 janvier 2010/REUTERS/Gonzalo Fuente - -
par Emmanuel Jarry
PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy exhorte l'UMP à faire bloc derrière sa chef de file aux élections régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui est confrontée à des dissensions internes et à de mauvais sondages.
Le président de la République avait convoqué avec elle à l'Elysée les têtes de liste UMP départementales en Ile-de-France alors que les enquêtes d'opinion donnent le président socialiste sortant de la région, Jean-Paul Huchon, gagnant au scrutin des 14 et 21 mars.
Avec la présence du Premier ministre, François Fillon, du secrétaire général et du porte parole de l'UMP, Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre, cela avait tout de la réunion de crise.
"Comme ça tout le monde a entendu en même temps la même chose", a rapporté un participant, selon qui c'est surtout le chef de l'Etat qui a parlé.
La semaine dernière, des sources à l'UMP disaient Nicolas Sarkozy très agacé par les faux pas et les dissensions internes de son parti en Ile-de France.
"On aurait pu s'attendre à une engueulade. Ça n'a été qu'un rappel au règlement", a cependant raconté le même participant. Un rappel ferme, néanmoins, qui a duré une vingtaine de minutes, selon d'autres témoignages.
Nicolas Sarkozy a demandé aux colistiers de la ministre de l'Enseignement supérieur et à l'UMP de "soutenir à fond" leur chef de file. "C'est Valérie notre candidate et personne d'autre", a-t-il souligné en substance en rappelant qu'elle avait été désignée par les militants.
Un message adressé en priorité au rival malheureux de Valérie Pécresse, Roger Karoutchi, numéro trois sur la liste des Hauts-de-Seine, accusé par l'entourage de la ministre de jouer "contre son camp". Il participait à la réunion de l'Elysée.
"Il y a des aigris qui ne font pas campagne car ils n'ont pas été sur les listes", a également dit Nicolas Sarkozy, selon les mêmes sources. Une allusion visant cette fois Eric Raoult, député-maire du Raincy et président de la fédération UMP en Seine-Saint-Denis, qui a critiqué ouvertement Valérie Pécresse.
"S'IL FAUT RENOUVELER ..."
Des amis de la ministre de l'Enseignement supérieur reprochent à la direction de l'UMP de l'avoir insuffisamment soutenue face à ces critiques.
Selon des participants, Nicolas Sarkozy a averti qu'il "tirerait toutes les conclusions", après les régionales, de l'attitude de ceux qui ne joueraient pas le jeu.
"Si il faut renouveler encore plus profondément (le personnel politique en Ile-de-France), je n'hésiterai pas à le faire", a-t-il ajouté selon les mêmes sources.
Il a aussi dit que la victoire de l'UMP en Ile-de-France restait possible, avant de consacrer 40 minutes à son projet de "Grand Paris", dont il veut voir son parti s'emparer face à "l'immobilisme" prêté par la droite à Jean-Paul Huchon.
Les participants au petit-déjeuner sont d'ailleurs repartis avec un exemplaire de la revue "L'architecture d'aujourd'hui", dans laquelle Nicolas Sarkozy expose sa vision du "Grand Paris"
Message compris ? Valérie Pécresse, ses chefs de file départementaux, ainsi que Roger Karoutchi et Frédéric Lefebvre ont en tout cas repris en boucle le même leitmotiv lors d'une conférence de presse sur leur péniche-QG: "Le changement en Ile-de-France est possible ; l'heure est au rassemblement sans faille et à la mobilisation derrière la tête de liste."
"S'il y a des petites polémiques, on va les régler entre nous", a toutefois nuancé Roger Karoutchi, avant d'ajouter: "Comme on est d'accord sur le fond, on va trouver des solutions pour tout le reste et on va gagner."
Les uns et les autres ont assuré que Nicolas Sarkozy avait félicité Valérie Pécresse pour sa campagne: "C'est parce que ça marche que tu es attaquée de toutes parts", lui aurait-il ainsi dit, selon Frédéric Lefebvre. Et tous ont confirmé qu'ils feraient campagne sur le thème du "Grand Paris".
La porte-parole de campagne de Jean-Paul Huchon a estimé que la résolution affichée le 28 janvier par Nicolas Sarkozy sur TF1 de ne pas s'impliquer dans la campagne avait fait "long feu".
"Nicolas Sarkozy est donc désormais directeur de campagne de Valérie Pécresse", écrit dans un communiqué Marie-Pierre de la Gontrie, qui juge "choquante" cette "interférence".
Edité par Gilles Trequesser