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Régionales: en Île-de-France, un premier tour en ordre dispersé à gauche

Clémentine Autain élue dans sa circonscription. - Patrick KOVARIK / AFP

Clémentine Autain élue dans sa circonscription. - Patrick KOVARIK / AFP - -

Pour l'heure, trois listes étiquetées écologistes ou à gauche de l'échiquier politique seront en concurrence lors du premier tour du scrutin en juin prochain.

En Île-de-France, écologistes, socialistes et "insoumis" cheminent chacun de leur côté vers les régionales. Le scrutin, initialement prévu en mars, se tiendra les 13 et 20 juin prochains, a indiqué la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa mardi devant l'Assemblée nationale. Il est reporté, à l'instar des départementales, en raison de la crise sanitaire. La région francilienne, dans le giron socialiste de 1998 à 2015, avait été gagnée par l'ex-Les Républicains (LR) Valérie Pécresse lors de la dernière élection.

L'union des formations de gauche et ses difficultés, antienne électorale loin d'être inédite, c'est peut-être Benoît Hamon qui la résume le mieux. Alors que l'information avait été éventée, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017, en retrait de la politique active depuis 2019, a confirmé mardi, par une interview au Parisien, sa présence en deuxième position dans les Yvelines sur la liste des régionales en Île-de-France "L'écologie évidemment!", emmenée par le secrétaire national d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV) Julien Bayou.

Interrogé sur la candidature qu'il soutiendrait à la prochaine présidentielle, l'ancien socialiste pose d'abord la condition du revenu universel, qu'il défend depuis 2017, ainsi qu'une "vraie logique de rassemblement". Tout en souriant: "Ça, c'est peut-être plus difficile que l'adoption du revenu universel", déclare celui qui, en vue des régionales, se dit "pour le rassemblement, quelle que soit la liste qui arrivera en tête".

Jeux d'alliances

En juin, outre la liste écologiste, seront aussi présentes à gauche celle d'"Île-de-France en Commun", menée par Audrey Pulvar et notamment soutenue par le Parti socialiste (PS), ainsi que la liste "Pour l'Île-de-France", conduite par la députée La France insoumise Clémentine Autain, avec le soutien du Parti communiste français (PCF).

Des alliances qui ne se calquent pas sur d'autres ententes locales. À Paris par exemple, Audrey Pulvar est adjointe de la maire PS Anne Hidalgo, réélue en juin dernier avec l'appui des écologistes et du PCF.

"L'union est toujours préférable à la désunion, je dis ça, j'enfonce des portes ouvertes", sourit Benjamin Lucas, coordinateur national de Génération.s, qui n'est toutefois pas inquiet quant au rassemblement des formations de gauche en vue du second tour des régionales en Île-de-France:

"Il faut dédramatiser ça, je ne dis pas qu'on s'en satisfait ou qu'on est heureux de ça (la présence de trois listes au premier tour, NDLR), mais aujourd'hui les sondages indiquent qu'il y aura forcément une de ces trois listes-là au second tour, voire les trois", argue-t-il auprès de BFMTV.com.

Pour l'ex-président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), l'union au second tour ne fait "aucun doute". Et de commenter la comparaison de Benoît Hamon entre le revenu universel et le rassemblement des forces de gauche: "Je pense que les deux, on y viendra. Le revenu universel, beaucoup se moquaient en 2017. Vous voyez la 'une' de Libé hier (avec la manchette "Revenu universel, et si on en reparlait?", NDLR). C'est pareil avec le rassemblement. Quand chacun comprendra qu'on a beaucoup à gagner collectivement. Tous les sujets montrent qu'on a besoin d'un nouveau logiciel au pouvoir, ce que la crise a validé en faisant tomber les valeurs du libéralisme. Ça devrait être notre moment", croit savoir Benjamin Lucas.

"S'engager à rechercher le rassemblement au second tour"

Fer de lance de l'union des gauches (elle avait prôné un "big bang" pour "fédérer la gauche" en 2019), Clémentine Autain a déclaré vouloir s'engager dans cette voie en vue des régionales, le 11 janvier dernier dans un entretien au Parisien:

"Si j'arrive en tête au premier tour, je créerai toutes les conditions pour qu'il y ait une fusion des trois listes des gauches et des écologistes aujourd'hui en lice. C'est la condition pour gagner face à Valérie Pécresse. J'appelle Julien Bayou et Audrey Pulvar à s'engager publiquement de la même manière", exhortait la parlementaire.

Une ligne que "l'insoumise" tient toujours: "Je pense que si l'on ne veut pas désespérer les électeurs de gauche, il est important de dire, dès maintenant, que la perspective de gagner face à Valérie Pécresse est là. Et pour qu'elle soit là, il faut s'engager à rechercher le rassemblement au second tour", souligne-t-elle auprès de BFMTV.com. Pourquoi pas dès le premier tour? Clémentine Autain dit composer avec "un état de fait: Audrey Pulvar a appelé au rassemblement de tout le monde sauf La France insoumise, et Julien Bayou est engagé, comme EELV partout en France, dans le rassemblement du pôle écologiste".

Mais pour la députée de Seine-Saint-Denis, "on peut avoir plusieurs listes au premier tour et gagner au second", tant que l'on a "un engagement fort et qu'on ne passe pas la campagne à jouer au jeu des sept différences".

"La locomotive, c'est l'écologie"

Faire chemin à part au premier tour, Julien Bayou assume. "On peut tout à fait présenter aux électrices et électeurs des projets différents au premier tour", balaye l'écologiste, qui répète: "Mon adversaire, c'est Valérie Pécresse". "Mon enjeu, ce n'est pas de battre untel ou unetelle à gauche (...). Mon enjeu, c'est de construire un rassemblement sur l'écologie au second tour, de faire une région où il fait bon vivre. C'est ça qui peut rassembler bien plus largement".

Julien Bayou souligne le ralliement du pôle écologiste, et l'annonce de la candidature de Benoît Hamon dans les Yvelines. Une conférence de presse rassemblant la présidente de Cap21 Corinne Lepage et l'ancien candidat à la présidentielle a été donnée ce mercredi matin pour parachever l'officialisation de cet attelage. "La locomotive, c'est l'écologie", martèle-t-il.

Dans le camp d'Audrey Pulvar, l'écho est similaire. "Notre seul enjeu à nous, c'est de changer la majorité politique de cette région. (...) A partir de là, on a toujours dit qu'on était disponible pour un rassemblement", assure auprès de BFMTV.com le sénateur du Val-d'Oise Rachid Temal, directeur de campagne de l'ancienne journaliste pour les régionales.

Une union au second tour, oui, mais est-elle envisageable derrière les "insoumis" ou les écologistes? "Ce qui est important aujourd'hui, ce ne sont pas les discussions d'appareil, mais ce que nous proposerons aux Franciliens", balaye le sénateur socialiste, rappelant le soutien déjà apporté notamment par Place Publique et les Radicaux de gauche.

"Au soir du premier tour, nous serons ouverts à la discussion sur le fond avec toutes celles et tous ceux qui voudront changer cette majorité", étaye le parlementaire.

Sur le principe, tous s'accordent sur un objectif commun - faire basculer la majorité régionale - et sur une union au second tour. Mais dans quelles conditions? Le débat est ouvert.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV