Quoi de neuf au centre ? Rien

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Ce rapprochement ne sert à rien ?
Il y a une alliance, mais pas de mariage. Jean-Louis Borloo et François Bayrou ne sont pas réconciliés, encore moins enlacés : ils pensent toujours autant de mal l’un de l’autre. Ils ont en commun un calcul : le discrédit du PS et la droitisation de l’UMP ouvrent un espace politique au centre. Donc plutôt qu’une noce, c’est un contrat entre deux PME qui ont besoin l’une de l’autre pour prendre ce nouveau marché. De fait, l’UDI et le Modem ne disparaissent pas ; ils signent un accord qui durera ce qu’il durera et l’Alternative n’est pas un nouveau parti. Donc il n’y a ni mariage ni naissance. C’est un non-heureux événement.
Pourquoi cela ne marcherait pas ? Après tout, l'UDF de Valéry Giscard d'Estaing a été le parti au pouvoir dans les années 1970
Il ne faut pas confondre giscardisme et centrisme. L’UDF de Giscard était une fédération de partis de droite plus ou moins modérés réunis par l’antigaullisme : démocrates-chrétiens, radicaux, libéraux, plus des clubs et des réseaux avec souvent plus d’élus que d’adhérents. Toutes ces chapelles existent toujours mais une bonne part ont rallié l’UMP (avec leurs fichiers et leur argent).
Ce qui reste à Borloo et Bayrou, ce sont les radicaux et la moitié des démocrates-chrétiens. Ça fait deux crocodiles enfermés dans une cabine téléphonique : ils sont collés l’un à l’autre mais pas parce qu’ils s’adorent…
Est-ce que l'un des deux peut prendre l'ascendant sur l'autre ?
Ça va être un capharnaüm. Si la composition de leurs listes (municipales et européennes) ressemble à la rédaction de leur charte, ils auront besoin de plus de juristes que de colleurs d’affiches. Toutes les clauses sont détaillées, avec des codicilles et des exceptions – comme le mode d’emploi d’un radio-réveil made in China : tout est écrit mais on n’y comprend rien.
Il y a un équilibre entre eux : Borloo a plus d’élus, Bayrou plus de charisme. Du coup, c’est la logique de Borloo qui s’impose pour l’instant : celle qui consiste à ancrer le centre plus près de la droite que de la gauche. Bayrou, pour sortir de son isolement, a dû faire un pas.
L'accord entre Bayrou et Borloo scelle au moins le fait qu'il y aura un candidat centriste à l'élection présidentielle. Ça veut dire qu'ils vont forcément finir par s'affronter ?
L’affrontement est écrit mais il ne se terminera pas forcément par un duel. La charte dit qu’il y aura un candidat – mais il n’est pas prévu une primaire, plutôt un vote des élus et des adhérents. La suite dépend beaucoup de la menace du FN : s’il y a un risque que la candidature d’un centriste permette à Marine Le Pen d’être au second tour, on peut penser qu’ils renonceront. Sans quoi Bayrou et Borloo, qui sont un peu les Abel et Caïn de la droite modérée, finiront par ressembler aux Dupond et Dupont du centrisme : complémentaires mais catastrophiques.
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