Primaire à gauche: Manuel Valls a marqué des points sur le régalien

Manuel Valls lors du premier débat de la primaire à droite, le 12 janvier 2017. - PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
"Je n'ai pas d'adversaire, encore moins d'ennemi". Ces quelques mots, prononcés par Manuel Valls au début du premier débat de la primaire à gauche, qui a opposé les sept candidats jeudi soir, n'étaient pas anecdotiques. Avec cette phrase, l'ancien Premier ministre a fait l'aveu du principal enjeu qui se jouait pour lui lors de cette rencontre: ne pas devenir la cible privilégiée de ses adversaires.
Car avec sa figure de favori dans les sondages et surtout d'ancien Premier ministre, Manuel Valls avait sans doute plus à perdre lors de ce débat, que certains de ses compétiteurs n'avaient à gagner. Et cette phrase s'est révélée juste, puisque durant le débat, il est parvenu à ne pas incarner à lui seul la responsabilité du quinquennat de François Hollande et à désamorcer les éventuelles fractures qui pouvaient se jouer.
Incarner le pouvoir régalien
Elles sont nombreuses, entre les candidats de la gauche et des écologistes, et l'enjeu global du débat était d'ailleurs de ne pas mettre un peu plus en avant ces divisions. C'est d'ailleurs ce qu'a salué Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, après le débat.
Pour tirer son épingle du jeu, Manuel Valls a aussi joué sur une stratégie en particulier. Il a plusieurs fois évoqué ses anciennes fonctions à la tête de l'Etat, en tant que ministre de l'Intérieur puis Premier ministre. Assumant le bilan de François Hollande, il a dit sa "fierté" d'y avoir pris part. En cela, il a voulu incarner une stature d'homme d'Etat, déjà prêt pour la fonction présidentielle, en se faisant le porte-voix de tous les thèmes régaliens.
"Valls a joué sur sa capacité à apparaître comme présidentiable", analyse ainsi Bernard Sananes, le président d'Elabe, sur BFMTV.
"Il s'est préservé"
Un avis partagé par l'éditorialiste Christophe Barbier. "Les candidats ont peur de faire une bêtise fatale, ils veulent incarner une gravité présidentielle", avance-t-il sur BFMTV, pour expliquer la fadeur du débat, comparable en cela au premier qui avait eu lieu dans le cadre de la primaire de droite.
"Manuel Valls a fait une différence, il aurait pu être la cible de toutes les attaques, le 'Monsieur responsable du bilan du quinquennat', ça n’a pas été le cas, il s’est préservé. Par ailleurs, sur le régalien, dès qu’on est venus sur le terrorisme, il y avait un avantage Valls parce qu’il a touché à ces choses-là de manière concrète, il était aux commandes pendant ces crises majeures de la lutte contre le terrorisme", a-t-il poursuivi.
Une tactique assumée pleinement par le candidat, qui n'a pas hésité à se dire "prêt" et par son équipe, qui a repris en choeur ces éléments de langage.
"L’enjeu de la présidentielle pour la gauche c’est d’avoir un candidat solide, qui assume le pouvoir de l’Etat face à François Fillon et face à Marine Le Pen", a estimé par exemple son porte-parole Philippe Doucet, sur RMC.
Même son de cloche du côté des militants. "Je suis persuadé que Manuel Valls peut convaincre et on le voit, il convainc déjà sur son expérience, sur sa stature d’homme d’Etat", a avancé un militant venu assister au débat dans un bar QG de l’équipe Valls le temps d’une soirée, interrogé sur BFMTV.