Primaire à gauce: les candidats lâchent les coups

- - AFP - Montage BFMTV
A l'approche du premier tour de la primaire à gauche, le ton monte entre les candidats. Par meeting et interviews interposés, ils se sont envoyés depuis mercredi plusieurs amabilités. Manuel Valls, qui a commencé à attaquer son concurrent Benoît Hamon en se focalisant sur son projet de revenu universel, a poursuivi sur cette lancée.
Devant 500 personnes, l'ancien Premier ministre s'est posé en chef d'Etat "comptable" des propositions, face à des candidats qui n'ont selon lui par leurs chances. A commencer par Benoît Hamon, qu'il a visé en particulier.
"C'est facile de promettre l'impossible... lorsqu'on sait au fond de soi que l'on n'en sera jamais comptable!", a-t-il lancé. "C'est facile de dire 'ouvrez les frontières!', 'laissez entrer tout le monde!', 'soyez plus généreux!' (...). C'est facile de faire sauter les interdits, de dire dans une campagne qu'on veut légaliser le cannabis (...) Comme si c'était cela, 'faire rêver', 'proposer un nouvel horizon'", a-t-il renchéri.
"Je suis la cible parce que je peux gagner"
Rappelant, comme à son habitude, ses anciennes fonctions au sein du gouvernement, lui qui veut incarner les questions régaliennes, il a poursuivi: "C'est plus dur de réformer (...), plus dur de démanteler la Lande de Calais, d'organiser un accueil digne des réfugiés sur tout le territoire (...), beaucoup plus dur de combattre la délinquance, les trafics qui minent les quartiers populaires", a-t-il énuméré. En référence à la gifle qu'il a reçue mardi lors d'une visite à Lamballe, il a conclu "je suis la cible parce que je peux gagner".
Hamon et le "costume un peu serré" de Valls
Quelques instants plus tard, Benoît Hamon, lui aussi en meeting, ne s'est pas gêné pour répliquer devant 4.000 personnes, d'après le décompte de son équipe. "Je suis heureux d'une chose: quand j'ai commencé la campagne on ne parlait que d'identité, sécurité... C'était là-dessus qu'allait se jouer l'élection à gauche", a souligné le député des Yvelines en meeting à l'Institut national du judo dans le XIVe arrondissement à Paris. Le candidat n'a pas hésité à faire son show.
"On ne parlait que des questions identitaires et il fallait incarner, le costume un peu serré, comme ça, la fermeté", a-t-il poursuivi, tout en boutonnant sa veste, en allusion à Manuel Valls.
"On dit le revenu universel, société du farniente, de la paresse, incitation à l'oisiveté, Hamon veut payer des gens à dormir. J'observe qu'au premier rang du Medef, grâce à la rente, beaucoup de gens sont payés à dormir", a plaisanté l'ancien ministre de l'Education, se réappropriant les critiques émises à son égard. Benoît Hamon a dit avoir "tordu le cou" à ces attaques, même s'il a reconnu que certaines lui avaient permis d'améliorer son projet.
"Je préfère le salaire juste au revenu universel"
Arnaud Montebourg, en meeting également, dans une salle pleine pouvant accueillir un peu plus de 2.000 personnes, a eu quant à lui quelques mots sympathiques à l'égard de Vincent Peillon, mais s'en est pris à Benoît Hamon et Manuel Valls. "Oui, je préfère le salaire juste au revenu universel", a-t-il notamment lancé.
A propos de l'ancien Premier ministre et des antagonismes qui les ont séparés, il a expliqué que Manuel Valls avait voulu "l'attacher au radiateur" quand il a défendu les ouvriers de Florange.
Peillon corrige le vocabulaire de Valls
Un autre candidat a laissé transparaître son agacement mercredi soir. Vincent Peillon n'était lui pas en meeting, mais sur BFMTV. Visant exclusivement Manuel Valls, il l'a enjoint à "retirer" le mot "guerre". Lundi, l'ancien chef du gouvernement avait estimé que Donald Trump faisait une "déclaration de guerre à l'Europe" en parlant notamment du Brexit comme d'une "grande chose". "Nous avons des intérêts à défendre, c'est autre chose, mais ce n'est pas la guerre", a estimé Vincent Peillon, avant de conclure:
"Il faut faire attention, parce que des fois, à force d'être excessif, on devient insignifiant ou on crée un certain nombre de troubles dans les esprits. Je ne crois pas que ce mot 'guerre' était approprié, je crois même qu'il faut le retirer".