Primaire à gauche: quelles sont les différences entre Hamon et Montebourg?

Arnaud Montebourg et Benoît Hamon le 15 décembre 2016 à Paris. - Philippe Lopez - AFP
Depuis le début de la courte campagne pour la primaire de la gauche, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, anciens alliés au sein du gouvernement, n'ont de cesse de le répéter: ils sont deux candidats dif-fé-rents. Un message qu'ils tiennent à faire passer en priorité aux électeurs de la primaire, pour dissiper la tentation de les réunir dans un même panier.
Il est vrai que les deux anciens ministres s'accordent sur de nombreux points. Des réformes institutionnelles à l'abrogation de la loi Travail, en passant par le refus des traités Ceta et Tafta, tous deux se situent à l'aile gauche du PS et ont été des critiques virulents des dernières années du quinquennat Hollande. Pourtant, leurs programmes comportent bien des différences importantes.
> Revenu universel contre "Travail fier"
La principale divergence entre Arnaud Montebourg et Benoît Hamon tourne autour de la vision du travail. Benoît Hamon a rapidement lancé l'idée d'un revenu universel de 750 euros, fruit d'une réflexion sur la "raréfaction du travail": "Cela ne veut pas dire ne plus travailler, mais ça veut dire, dans une époque où le travail se raréfie, partager le travail différemment, en encourageant les personnes à passer au temps partiel", explique-t-il dans Midi Libre.
Une vision que ne partage pas du tout Arnaud Montebourg. "Il y a du travail, il existe", rappelle-t-il dans Libération. "Depuis 30 ans, le niveau de travail dans la société n'a pas du tout diminué. Ce qui s'est dégradé, c'est la rémunération du travail, les conditions du travail (...)". L'ancien ministre rejette donc l'idée d'un revenu universel, "infaisable" selon lui, et préfère, par exemple, développer le télétravail.
> Vaisselle cassée contre alliance des progressistes
Sur l'Union européenne, les deux candidats ne sont pas si éloignés, mais des nuances existent dans leurs discours. Benoît Hamon souhaite la relance du projet européen: il défend une harmonisation fiscale, mais aussi sociale et budgétaire entre les Etats membres. Il souhaite également mener des alliances avec les progressistes européens.
De son côté, le ton d'Arnaud Montebourg est plus offensif. On se souvient ainsi qu'il s'est dit "prêt à aller casser un peu de vaisselle à Bruxelles". Sans se dire souverainiste, il appelle au "respect des souverainetés des Etats-nations", et à "une souveraineté partagée". Un discours qui prend parfois des couleurs eurosceptiques, aux yeux de Benoît Hamon.
En août déjà, il raillait son rival sur Twitter: "ll y a un côté puéril et même un peu exaspérant à penser que l'Europe s'agenouillera devant le nouveau président français (...)", écrivait-il, ajoutant préférer au "volontarisme" une "méthode pour nouer des alliances".
> Laïcité inclusive contre vision sociale
Là encore, c'est dans les nuances qu'il faut chercher les différences entre les deux candidats. Arnaud Montebourg prône une "laïcité inclusive", et refuse de légiférer sur le port du voile à l'université ou en entreprise. Sur BFMTV, il répète le principe de la loi de 1905, qui "donne une ligne de conduite". "De la même manière que je refuse l'accommodement à des droits spéciaux pour certaines communautés, je refuse qu'on se serve de la laïcité à des fins politiques", martèle Arnaud Montebourg.
Benoît Hamon ne veut pas non plus légiférer sur le port du voile à l'université. Selon lui, la laïcité doit permettre "à ceux qui croient et à ceux qui ne croient pas de vivre ensemble". Mais surtout, il prône d'abord une vision sociale de la laïcité. "On ne peut pas d’une part s’en réclamer partout sur le territoire et, d’autre part, avoir dilapidé les moyens alloués aux associations", affirme-t-il dans Libération. Même réaction après l'affaire du café à Sevran: "Remettons des questions sociales avant de mettre des questions religieuses sur ces sujets-là", avait-il lancé sur France 3.
> Légalisation du cannabis contre "danger pour la jeunesse"
Enfin, c'est sur la légalisation du cannabis que Benoît Hamon et Arnaud Montebourg s'opposent. Le premier prône une légalisation contrôlée, comme solution contre "le business nuisible" actuel. Il y voit également "un enjeu de santé publique pour les millions de consommateurs", et appelle à "sortir du déni et de l'hypocrisie".
Des arguments qui ne convainquent pas du tout Arnaud Montebourg: il estime au contraire que la légalisation serait "dangereuse pour la jeunesse".