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Les Français et le PS: pourquoi tant de désamour?

Les 4 candidats au poste de premier secrétaire du PS lors du débat organisé le 7 mars 2018.

Les 4 candidats au poste de premier secrétaire du PS lors du débat organisé le 7 mars 2018. - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

L'actualité du PS, qui doit élire prochainement son premier secrétaire, ne passionne pas les foules. S'il pâtit d'une tendance de méfiance générale vis-à-vis des partis politiques, le Parti socialiste paye aussi sa gestion du pouvoir et des récentes défaites.

"Ils rallument la lumière, ce n'est pas la fin du film". C'est en ces mots que Jean-Christophe Cambadélis décrivait mercredi le débat prévu le soir même entre les quatre candidats à la tête du PS. Même son de cloche du côté de Rachid Temal, le coordinateur du parti. "L'enjeu du débat est de montrer que le Parti socialiste est bien présent, de faire en sorte que les militants viennent voter", a-t-il résumé. L'espace d'une soirée, ce débat d'une heure trente a en effet permis au Parti socialiste de se rappeler au bon souvenir des Français. Mais avec une portée limitée.

D'après les audiences publiées ce vendredi matin, 204.000 téléspectateurs en moyenne étaient devant leur téléviseur pendant toute la durée du programme. Soit une part d'audience de 0,9%, quatre fois plus que d'habitude. En comparaison, les trois premiers débats de la primaire socialiste, qui avaient certes l'avantage de s'inscrire pendant la campagne présidentielle, particulièrement suivie, avaient attiré entre 1,7 et 3,8 millions de téléspectateurs. 

Défiance générale

Pour le politologue Eddy Fougier, cela s'inscrit dans un contexte général de désamour vis-à-vis des partis politiques. Contacté par BFMTV.com, ce chercheur associé à l'IRIS décrit un "rejet des partis et de tout ce qui fait penser au pouvoir".

"Pour le PS, il y a une double sanction: en tant que parti classique, et en tant que parti qui a été au pouvoir", estime-t-il, rappelant que le Parti socialiste est en outre l'un des plus vieux, devancé seulement en âge par le parti radical.

"Les mouvements dont on entend le plus parler en ce moment ne se revendiquent pas comme partis au sens traditionnel du terme (La France insoumise, La République en marche), et les autres veulent changer de nom", ajoute Eddy Fougier. D'après lui, la gauche peut pâtir davantage de ce phénomène de défiance que la droite, car historiquement les partis de droite et du centre sont construits autour d'une figure, comme l'UDF avec Valéry Giscard d'Estaing et le MoDem avec François Bayrou.

70% des Français en ont une mauvaise image

Un sondage publié le 7 mars et réalisé par Harris Interactive a permis de montrer l'étendu du désamour entre les Français et le PS en particulier, 10 mois après sa lourde défaite à la présidentielle. D'après cette étude menée en ligne auprès de 1598 personnes de plus de 18 ans selon la méthode des quotas, 77% des Français ont une image négative du parti, et 20% seulement une bonne image. Sur l'ensemble des formations politiques, le PS est classé avant dernier, juste devant le PCF, qui recueille 16% d'image positive. La République en marche est en tête de classement, avec 40% de bonnes opinions.

Dans le détail, interrogés sur les quatre candidats, Stéphane Le Foll, Olivier Faure, Emmanuel Maurel et Luc Carvounas, 80% des Français avouent les connaître trop peu pour se prononcer.

Un manque de remise en question

Si le parti paye sa défaite, il se pourrait que les Français lui reprochent aussi sa manière de gérer cet échec. C'est ce que souligne le politologue Rémi Lefebvre, interrogé ce jeudi dans Le Parisien.

"Le PS procède toujours de la même manière. Après la défaite, il donne la parole aux militants, et donne l'impression de se remettre en question. Mais le discours de remise en cause est rarement suivi d'effet", avance l'auteur d'un essai sur ce sujet.

"Il attend que la droite au pouvoir s'abîme et devienne impopulaire pour retrouver sa légitimité. Il ne s'est pas adapté. Il a gagné en 2012, mais il était en fait très fragile", poursuit Rémi Lefebvre. 

Durant le débat de mercredi, les quatre candidats ont eu pour seul point commun de se placer dans la critique et l'opposition à Emmanuel Macron. Mais ils ne sont pas seuls sur ce terrain, déjà occupé à gauche par la France insoumise. 

Guerre des chiffres au PS

Le vote pour le poste de premier secrétaire, dont le premier tour est prévu le 15 mars, s'adresse aux seuls militants. Mais même parmi eux, le désintérêt est manifeste. Le parti est en pleine guerre des chiffres, certains déplorant en interne une hémorragie du nombre de militants actifs, "guère plus de 15.000 à 18.000" estimait le candidat député Luc Carvounas fin janvier. Une fourchette jugée alors "farfelue" par Rachid Temal.

"Il y a 100.000 personnes qui pourraient voter", a-t-il déclaré mercredi sur Franceinfo. "Nous avons fait une mesure qui permet aux personnes qui ont adhéré en 2015, 2016 et 2017, de pouvoir venir voter en se mettant à jour en 2018".

De quoi espérer selon lui "un peu plus de 30.000 votants", ce qui ne pèse pas lourd.

Charlie Vandekerkhove