Crise ouverte au PS après la fronde contre la loi Macron

Christian Paul, l'un des socialistes frondeurs, mardi à l'Assemblée nationale. - Patrick Kovarik - AFP
Depuis janvier, ils se faisaient discrets. Mais mardi, les frondeurs du PS ont fait plus que jouer les troubles-fête. En décidant de voter majoritairement contre la loi Macron, ils ont poussé le gouvernement à recourir à l'article 49.3 pour faire passer le texte en force, au point de fragiliser la majorité. Au sein du PS, la crise est désormais ouverte. Mardi, après une après-midi plus qu'électrique dans l'hémicycle, les députés socialistes se sont réunis pour évoquer la situation sous la houlette de leur patron, Bruno Le Roux.
A la sortie, ce dernier est direct. Durant cette réunion, "tous ont dit que si vous voulions vivre ensemble, il fallait accepter les règles de vie commune. Et que s'ils ne voulaient pas les accepter, il fallait aller voir ailleurs", lance-t-il devant la presse. Avant de passer aux avertissements: "je regarderai dès la semaine prochaine ceux qui nous ont manqué dans ce moment, pour voir avec eux si nous pouvons continuer à travailler ensemble".
"La gauche qui ne veut rien faire, elle ne sert à rien"
Un avertissement sérieux, repris mardi soir par Manuel Valls. Le Premier ministre était invité de TF1 pour expliquer le recours au 49.3. "Le message que nous envoyons ce soir – pas aux frondeurs mais aux Français, c'est que les réformes vont se poursuivre. Vous croyez que je vais perdre du temps avec ceux qui ont d'autres objectifs qui n'ont rien à voir avec l'intérêt général?"
Emmanuel Macron, au centre de la polémique, n'a pas caché non plus son amertume. Mardi, sur France 2, il a fustigé "les choix faits par certains qui ont fragilisé la majorité". Et d'ajouter que "ce qui compte, c'est la gauche qui avance, parce que la gauche qui ne veut rien faire, elle ne sert à rien". Un avertissement réitéré par le ministre de l'Economie mercredi matin sur BFMTV-RMC.
Les frondeurs devront-ils quitter le PS?
Quelles conséquences désormais pour les frondeurs? Au lendemain de leur coup d'éclat, ils enfoncent encore un peu le clou. "Manuel Valls aurait tout intérêt à écouter sa majorité (...) Je mets en garde contre cette tentation d'un exercice trop solitaire du pouvoir, avec un déficit d'écoute", lance Christian Paul sur Europe 1.
Et même s'il assure qu'ils n'iront pas jusqu'à voter la motion de censure de la droite, le choix de Christian Paul et de ses collègues pourrait tout de même avoir des conséquences. Car les responsables du PS risquent de ne pas leur pardonner leur décision. Dimanche déjà, sur BFMTV, Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, avait distribué les menaces, visant notamment l'ancien ministre de l'Education Benoît Hamon, qui affirmait vouloir voter contre le texte. Manuel Valls lui-même avait accentué la pression dès lundi matin, disant sur RTL ne pas "pouvoir imaginer" que le texte ne passe pas. Les frondeurs, eux, avaient fustigé la "dramatisation" du chef du gouvernement.
A la sortie du conseil des ministres mercredi, Jean-Marie Le Guen, ministre des Relations avec le Parlement, a assuré que les majorités alternatives, "ça n'existe pas." Les règlements de compte ne font que commencer.