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Parlement

Réforme des retraites: l'Assemblée inscrit "le niveau de vie digne" dans le texte

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L'amendement communiste a été soutenu notamment par La France insoumise. Une députée de l'aile gauche de LaREM en avait déposé un similaire. L'UDI s'est également prononcé en faveur de l'amendement PCF.

Dans un rare moment de concorde sur la réforme des retraites, l'Assemblée nationale a adopté ce dimanche un amendement gouvernemental inscrivant dans le texte un objectif de "niveau de vie digne" pour les retraités, après des propositions similaires émanant de plusieurs bords politiques.

Il s'agit d'inscrire symboliquement cet "objectif de garantie d'un niveau de vie satisfaisant et digne aux retraités" dans les principes généraux du système universel des retraites, objet de l'article 1er que les députés sont toujours en train d'examiner.

"Belle proposition"

Le communiste Stéphane Peu avait plaidé pour l'inscription du terme "digne" dans ces objectifs, arguant que la dignité figurait dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'amendement visait à remplacer ainsi le terme de "satisfaisant" avancé par le gouvernement, qu'il a qualifié de "concept gazeux".

Il a été soutenu notamment par l'insoumis Eric Coquerel. Un amendement similaire avait été déposé par Martine Wonner, députée de l'aile gauche de La République en marche. L'UDI Thierry Benoît s'était prononcé pour l'adoption de l'amendement communiste, une "belle proposition".

Dans une "volonté de compromis et d'accélération de nos travaux", le secrétaire d'État Laurent Pietraszewski a proposé d'allier "satisfaisant" et "digne" dans la formulation de l'amendement gouvernemental.

"Concours de synonymes"

Le communiste Pierre Dharréville a salué "la créativité du gouvernement", indiquant que les communistes, "pas jaloux", étaient prêts à voter la proposition gouvernementale.

"Une retraite digne, ça a quand même une autre figure qu'une retraite simplement satisfaisante", s'est-il félicité. 

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau a salué "l'évolution du débat", loin du "concours de synonymes auquel on se livrait" samedi. Il a appelé à avancer dans le texte, pour "donner du sens aux mots".

"M. Fesneau, votre intervention, sauf à remettre de l'huile sur le feu ne me paraît pas judicieuse", a regretté le député Les Républicains Thibault Bazin, demandant au ministre d'arrêter "de mettre en valeur l'obstruction".

"Buvez un bon coup, ça ira mieux après"

En fin d'après-midi, les députés ont adopté deux autres amendements, présentés par les rapporteurs du texte (LaREM et MoDem) au nom de la commission spéciale. Le premier, à valeur symbolique, souligne le caractère "solidaire" des cotisations et contributions retraites. Le second, soutenu par la gauche, insiste sur la prise en compte "des gains de productivité" dans le pilotage du système des retraites.

Des moments de tension ont par ailleurs émaillé l'après-midi. La majorité a encore reproché aux insoumis et aux communistes de "bloquer" le Palais-Bourbon avec leurs milliers d'amendements, "une logorrhée antiparlementaire", selon le rapporteur MoDem Nicolas Turquois.

"Vous voulez une opposition qui ne s'oppose pas? (...) Buvez un bon coup, respirez un bon coup, ça ira mieux après", a réagi Jean-Luc Mélenchon, en critiquant la tentation "autoritaire", voire "totalitaire" des marcheurs, pendant que le communiste Fabien Roussel accusait la majorité de vouloir "raser l'Assemblée".

Dans toutes les têtes, après une semaine de piétinement, les spéculations sur un possible recours du gouvernement au 49.3, cet arme de la Constitution qui permet de faire passer un texte sans vote à l'Assemblée. Le Premier ministre Édouard Philippe dînait par ailleurs ce dimanche soir à l'Assemblée avec le groupe LaREM pour évoquer ce difficile débat parlementaire.

Jules Pecnard avec AFP