Réforme des retraites: l'article 7 sur le report de l'âge légal, principal enjeu de la semaine

Cette semaine, un sujet sera sur toutes les lèvres: l'article 7 de la réforme des retraites. Pour la deuxième salve de débats à l'Assemblée nationale, il concentrera les attentions tant son contenu suscite des contestations. Celui-ci prévoit le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, une mesure qui unit les syndicats contre le gouvernement.
Après une semaine de fortes tensions, son examen paraît loin: l'article 2, fixant la création d'un index des seniors, n'est toujours pas adopté et 15.800 amendements, émanant pour la plupart de La France insoumise (LFI), doivent encore être étudiés, sauf si les groupes concernés décidaient de les retirer.
"Le gouvernement espère que les débats vont s'accélérer"
À qui la faute? Aux insoumis, disent les pontes du camp présidentiel. Le débat "est prisonnier du chahut, du chaos de LFI", dénonce par exemple Bruno Le Maire ce lundi sur RTL. Le ministre de l'Économie invite le mouvement de Jean-Luc Mélenchon à "retire[r] ses milliers d'amendements".
La suite des débats, "ça ne dépend pas de nous, ça dépend de la Nupes", abonde Sylvain Maillard sur Public Sénat. Le premier vice-président des députés Renaissance tance les élus LFI. Ces derniers, selon lui, "ont peur du vote" sur la réforme des retraites car "ils savent qu'ils le perdront". D'où, estime-t-il, les nombreux amendements déposés par le groupe.
A l'inverse, la majorité veut "voter l'article 7", insiste Sylvain Maillard. Son camp a repris quelques couleurs depuis le début des débats à l'Assemblée nationale lundi dernier. L'exécutif s'inquiétait de voir sa majorité "s'effilocher mais elle s'est plutôt ressoudée", commente Matthieu Croissandeau sur BFMTV. Notre éditorialiste politique estime que le "climat très agressif de la semaine dernière" a "resserré les rangs".
"Délégitimer le gouvernement"
Surtout, "l'article premier de la loi sur la suppression des régimes spéciaux a été adopté par la majorité, sans trop de difficultés", souligne-t-il. Selon lui, "le gouvernement espère que les débats vont s'accélérer pour pouvoir faire adopter l'article 7 et se prévaloir d'une première victoire." Avec l'objectif, selon Matthieu Croissandeau, de "démobiliser les manifestants dans la rue", d'autant plus que "dans les sondages, la plupart des Français sont persuadés que la loi sera votée et appliquée".
"Mais du côté de la Nupes, on a senti le danger et c'est pour cela qu'on fait durer le plaisir", poursuit Matthieu Croissandeau.
"Leur objectif, c'est de délégitimer le gouvernement, d'espérer surtout que ce ne sera pas voté pour dire: 'regardez, on n'a même pas pu en discuter à cause d'Élisabeth Borne'", explique-t-il.
Interrogé par BFMTV.com en milieu de semaine dernière, le député écologiste Benjamin Lucas ne trouvait rien à redire quant aux nombreux amendements de la gauche.
"Il y en a autant que de souffrances engendrées par cette réforme", disait le député des Yvelines.
"Au gouvernement de trouver les modalités de l'apaisement"
Quitte à faire patiner l'examen du texte? "C'est le gouvernement qui a choisi la procédure législative", renvoyait Benjamin Lucas, alors que l'examen de ce projet de loi est limité à 20 jours à l'Assemblée nationale. L'élu de Génération.s invitait "à ne pas confondre" les rôles.
"Qui est au pouvoir? Ce n'est pas nous, c'est le gouvernement. C'est à lui de trouver les modalités de l'apaisement et de présenter une réforme sur laquelle on peut débattre sereinement avec des délais raisonnables", disait-il.
Reste qu'une "partie des élus de la Nupes", surtout des socialistes et des écologistes, juge qu'il serait "absurde" de ne pas aller jusqu'à l'article 7, explique Matthieu Croissandeau. "Ils disent qu'il faut en discuter, en faire le point d'orgue des débats", indique-t-il, avant d'ajouter: "pour l'instant, cette ligne ne l'emporte pas, parce que c'est La France insoumise qui tient la Nupes".
"LFI réfléchit à faire tomber au dernier moment ses amendemements
Pour autant, les syndicats pressent la gauche. "Nous souhaitons qu'il y ait un vote sur l'article 7", déclare Philippe Martinez sur BFMTV ce lundi, appelant à ce que "chaque député puisse s'exprimer sur ce fameux article". Son homologue à la CFDT, Laurent Berger, est sur la même ligne.
"Il faut que l'article 7 soit mis en débat car c'est de cela que les gens parlent dans la rue", a-t-il indiqué sur LCI ce dimanche.
Pour l'instant, rien n'est fait. "LFI réflechit à faire tomber au dernier moment ses amendements pour prendre le gouvernement par surprise ou de vitesse", explique Matthieu Croissandeau. Et d'estimer néanmoins que cette "politicaillerie", "n'est pas du tout à la hauteur de l'enjeu de société que pose cette réforme".