Pressenti comme Défenseur des droits, Toubon passe son grand oral

L'ancien ministre chiraquien Jacques Toubon, que François Hollande veut nommer Défenseur des droits. Ici en 2013. - -
Avant de défendre les autres, l'ancien ministre chiraquien Jacques Toubon, qui brigue la fonction de Défenseur des droits, va devoir se défendre lui-même, mardi à la commission des Lois de l'Assemblée nationale. Car même si la volonté de le nommer à ce poste émane de François Hollande, le candidat Toubon va devoir affronter l'hostilité de nombreux députés socialistes.
Il est cependant peu probable que sa désignation soit l'objet d'un veto parlementaire qui, aux termes de la Constitution, nécessite les trois cinquièmes des suffrages exprimés parmi les commissions des Lois de l'Assemblée et du Sénat.
Le vote à l'Assemblée, à bulletins secrets, interviendra dans la foulée de l'audition, mais ses résultats ne seront connus que le 9 juillet, une fois que la commission sénatoriale aura à son tour procédé à l'audition et au scrutin.
Une candidature controversée
Le président de la République avait annoncé le 11 juin son intention de désigner à ce poste clé Jacques Toubon, 73 ans, pour succéder à Dominique Baudis, décédé en avril dernier. La fonction de Défenseur des droits, créée par la réforme constitutionnelle de 2008, fusionne en quelque sorte celles de Médiateur de la République, de Défenseur des enfants, ainsi que la Haute autorité de lutte contre les discriminations et la Commission nationale de déontologie de la sécurité.
Le choix de Jacques Toubon a aussitôt suscité une levée de boucliers dans les rangs de la gauche, avec une pétition revendiquant 95.000 signatures, contre une personnalité perçue comme incarnant une "caste qui se partage les postes de la République, totalement déconnectée de la société".
Lui sont reprochés ses votes, lorsqu'il était député RPR: en 1981 contre la loi abolissant la peine de mort - il avait voté l'article abolissant le châtiment suprême, mais pas l'ensemble de la loi car il aurait voulu une peine de substitution -, en 1982 contre la loi de dépénalisation de l'homosexualité. On lui reproche encore ses interventions sur les magistrats lorsqu'il était ministre de la Justice, de 1995 à 1997. Son âge est aussi perçu comme un handicap.
Plus que des réticences, un rejet à gauche
Sans répondre directement, l'intéressé a affirmé avoir toujours agi durant sa carrière "sans oeillères partisanes et sans a priori idéologiques", dans un texte publié lundi sur le site de l'Assemblée nationale.
Réussira-t-il à en convaincre les membres de la commission? A gauche, ce sera difficile. Les députés PS Yann Galut et Alexis Bachelay ont écrit à leurs collègues de la commission des Lois, où eux-même ne siègent pas, pour leur demander de rejeter "massivement" la nomination. En outre, les ténors du PS ne se sont pas bousculés pour soutenir la décision de François Hollande, malgré la mise en garde de Manuel Valls contre un risque "de sectarisme".
Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, a ainsi déclaré qu'il n'aurait "pas proposé Jacques Toubon".