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Mercosur: l'Assemblée s'oppose très largement à l'adoption du traité de libre-échange avec l'Union européenne

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Les députés ont voté à une très large majorité contre l'accord avec le Mercosur, actuellement "dans la dernière ligne droite" des négociations à Bruxelles comme l'a expliqué la Commission européenne.

Un vote très net. Les députés ont largement adopté la proposition de résolution qui s'oppose à l'adoption de l'accord de libre-échange entre l'Union et des pays d'Amérique du Sud comme l'Argentine, le Brésil ou le Paraguay. 484 ont voté en faveur de ce texte contre seulement 70 contre.

Une telle unanimité, bien rare sur la scène politique française depuis la dissolution, cherche à mettre la pression à la présidente de la Commission européenne. Ursula Von der Leyen a assuré que les négociations autour du Mercosur "étaient dans la dernière ligne droite" début novembre.

"Un risque d'adoption réel"

Autant dire que le gouvernement avait tout intérêt à hausser le ton pour calmer les agriculteurs, très remontés contre ce texte.

"À l'heure où plusieurs de nos partenaires pressent la conclusion d'un accord, le risque de son adoption est réel", a regretté la ministre de l'Agriculture Annie Genevard pour ouvrir les débats.

Pas question cependant de "s'opposer par principe à tout accord de libre-échange tant ceux-ci, lorsqu'ils sont équilibrés, peuvent constituer de précieux débouchés sur nos filières", a cependant précisé la ministre.

Un accord "néo-libéral"

L'exécutif mise en effet moins sur le retrait total du traité avec le Mercosur que sur l'ouverture de nouvelles négociations avec la mise en place de quotas plus protecteurs pour les filières jugées menacées en France par cet accord (volaille, bœufs).

Les communistes, eux, ont dénoncé par la voix d'André Chassaigne "un accord d'un siècle où le mythe néo-libéral faisait encore rêver" et appellent au retrait total de cet accord de libre-échange.

L'accord avec le Mercosur permettrait en effet d'abolir l'essentiel des droits de douane entre l'Union européenne et des pays d'Amérique du Sud. Concrètement, la France pourrait importer à bas coût des volailles argentines tandis que l'Argentine pourrait vendre son vin au marché européen sans guère de taxe.

D'autres à l'instar du RN s'inquiètent des "conséquences sanitaires" d'un tel accord. Alors que les autorités brésiliennes s'étaient engagées à ne pas exporter de viande bovine élevée aux hormones en Europe, des résidus dangereux pour la santé ont été détectés lors d'un contrôle mi-novembre.

Vers un bras de fer avec Bruxelles

Les écologistes, eux, pointent du doigt le bilan carbone catastrophique que pourrait entraîner un tel accord en accélérant le nombre de biens échangés entre l'Europe et l'Amérique du Sud à grand renfort d'avions ou de porte-conteneurs.

Quelle suite sera désormais donnée à cette proposition de résolution adoptée par les députés? La question est ouverte alors que son adoption n'oblige en rien la Commission européenne à reculer.

Mais elle pourrait pousser d'autres pays à suivre la France dans son opposition au Mercosur et permettre à Michel Barnier d'aller au bras de fer.

En cas d'échec de cette stratégie, la France risquerait cependant de se démonétiser sur la scène européenne.

Marie-Pierre Bourgeois