Mariage homo: Taubira retourne au front

La Garde des Sceaux a ouvert au Sénat les débats portants sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels. Elle a défendu une nouvelle fois le texte de loi adopté à l'Assemblée nationale en février.

"Nous sommes plus qu'une appartenance de genre ou sexuelle". Christiane Taubira est de retour devant les parlementaires ce jeudi. Si la Garde des Sceaux a paru, au départ, plus hésitante que face aux députés en février dernier, elle a retrouvé sa verve pour défendre face aux sénateurs le projet de loi sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels.

"Nous sommes dans une maison dont la culture est plus portée sur le fond et la reflexion que sur la joute", a insisté, dans un clin d'oeil, Christiane Taubira avant d'appeler les élus de la Haute chambre à "choisir ce qui est juste" car les sénateurs s'inscrivent dans cette "filiation" et cet "l'héritage".

Face aux injonctions feutrées de l'opposition, Christiane Taubira a ensuite désamorcé une question majeure. "La PMA comme la GPA ne font pas partie du périmètre de ce texte, a expliqué aux sénateurs, Christiane Taubira. Il vous sera d'ailleurs présenté par la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti" dans le cadre d'une loi sur la famille.

Verlaine, Hegel et Césaire

Sous les yeux du leader du mouvement "La manif pour tous", Frigide Barjot, installée dans la tribune visteur, Christiane Taubira, dans un discours prononcé une nouvelle fois sans notes, a, comme à l'habitude, distillé quelques citations.

Tour à tour, la Garde des Sceaux a invoqué Verlaine - "Surtout soyons-nous, l'un à l'autre, indulgents -, Hegel -"Il faut pour le moins être deux pour êre humain -, et bien entendu Aimé Césaire - "par cette action nous forçons de fumantes portes", pour conclure un appel à la tolérance et l'ouverture d'esprit.

Elle a aussi rappelé, comme le rapporteur socialiste Jean-Pierre Michel que cette loi est l'un des engagements de campagne majeurs du président de la République, François Hollande.

La première proposition UMP rejetée

Jean-Pierre Michel, justement, a rejeté d'emblée la proposition UMP de créer une "union civile" pour les couples de personnes de même sexe.

"Cette proposition ne peut être retenue car elle contredit l'esprit qui anime la réforme", a-t-il déclaré en réponse à Jean-Claude Gaudin, le patron des sénateurs UMP, qui défend "une amélioration du PACS".

Si "l'union civile est en retrait par rapport au mariage", "comment justifier qu'on prive les couples homosexuels de droits (..) reconnus aux couples hétérosexuels?", a questionnée Jean-Pierre Michel.

A propos de l'adoption, il a souligné que "les familles homoparentales et leurs enfants ont droit à la protection de la loi" et "pour remédier à cette insécurité juridique, il est nécessaire d'autoriser l'adoption de l'enfant de l'autre parent", a-t-il estimé face à ses collègues sénateurs.

Un vote serré en prévision

Mais le vote au Sénat s'annonce serré puisque près de 280 amendements et trois motions de procédure visant à repousser le texte ont été déposés, principalement par l'opposition. En effet, au palais du Luxembourg, contrairement à l'Assemblée nationale, la gauche n'a que six voix de majorité sur la droite et quelques défections sont attendues dans ses rangs.

Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale le 12 février, après plus de quinze jours de débats animés et l'examen de plus de 5.000 amendements.

Les débats au Sénat devraient se clore autour du 12 ou 13 avril.

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S. A.