Mariage homo : le vote à l'Assemblée, "pas un point final mais une date clé"

Le projet de loi adopté à l'Assemblée, l'heure est au bilan. - -
Florent Guerlain cosigne, avec Gaëtan Duchateau, le Dernier inventaire avant le mariage pour tous. Un livre (et un site internet) qui dresse le bilan de la question LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) avant le débat sur le mariage homosexuel. Au moment où l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi ouvrant la voie au mariage homosexuel, que retient-il de ce débat ? Quels combats restent à mener ? Interview.
Pourquoi avoir dressé un inventaire précisément avant le débat sur le "mariage pour tous" ?
Après ce qu'il s'est passé pendant le débat sur le Pacs, on se doutait qu'on allait beaucoup parler du mariage pour tous, que ce serait un débat assez vif au sein de la société. On avait fait des prédictions et fait un bingo des arguments contre le "mariage pour tous" mais ça a largement dépassé ce que l'on pouvait attendre. Non seulement il a été fait une comparaison avec le terrorisme mais le député Jacques Bompard a proposé un amendement sur la polygamie, par exemple.
Dans Le dernier inventaire avant le mariage pour tous, vous listez les grandes dates de l'histoire LGBT. Le 12 février 2013 en fera-t-il désormais partie ?
Le 12 février, ce n'est pas un point final mais une date clé. Le vote autorisant le mariage pour tous, c'est un moment historique, ça va changer la vie de pas mal de gens.
>> A lire aussi - Un texte historique pour Franck Riester
Quel bilan dressez-vous de ce débat de société ?
Le côté manifestations de rue a été assez éprouvant pour les pros-mariage mais ça a créé des liens entre homos et hétéros, donc c'est finalement bénéfique. Cela a donné de la visibilité à une partie de la population même si à la longue, c'était usant.
Et le débat parlementaire ?
C'était comme une émission de téléréalité ! Les débats étaient vraiment passionnants à suivre et le travail d'obstruction n'a pas servis l'UMP. L'objectif de ressouder la droite, pour moi, n'a pas réussi.
On a beaucoup entendu parler "d'être du bon côté de l'Histoire". C'est un vote important pour les députés aussi ?
Ce qu'il faut observer, ce sont ceux qui se sont abstenus parce qu'ils savent que voter contre le texte, c'est un marqueur qui va rester pendant des années. Pour autant, je ne pense pas que ça puisse compromettre une carrière politique derrière.
Vous listez, dans votre inventaire, les "figures politiques" qui comptent actuellement dans le combat LGBT, qui rajouteriez-vous au terme de ce débat ?
Hervé Mariton, sans hésitation. Il était très présent, usant, mais il n'a pas été dans l'insulte et l'homophobie comme Christine Boutin sur le Pacs et je pense que pour lui, c'était un combat sincère. Erwann Binet également, le rapporteur de la loi a été très présent lors des auditions même si le public a beaucoup retenu la présence de Christiane Taubira.
Quelles revendications LGBT reste-il à poursuivre selon vous ?
Il y a la question de la PMA et de la GPA mais je pense que la prochaine question, ce sont les trans, qui sont peu nombreux et peu visibles. Le parcours des personnes transgenres est un processus très dur du point de vue administratif et médical. Aujourd'hui, il faut prouver un changement de sexe alors qu'il faudrait juste le déclarer. L'engagement 31 de François Hollande était très large, il n'y avait pas que le mariage dedans et tout ne sera pas fait dans ce mandat, ni dans le prochain !
>> A lire aussi - Les dix hommes et femmes politiques qui ont fait le débat parlementaire
|||
📷