Loi famille / loi sur le mariage: mêmes joueurs jouent encore

Quatre députés très actifs sur les questions de famille. - -
Après de multiples ajournements et la mise à l’écart de certaines propositions, la loi famille est arrivée lundi à l’Assemblée nationale où elle doit être débattue jusqu'à mercredi. La proposition de loi relative à "l'autorité parentale et l'intérêt de l'enfant" vise à développer l'exercice conjoint de l'autorité parentale, notamment en cas de séparation, à reconnaître le rôle des beaux-parents et à favoriser le recours à la médiation familiale.
Et les premières heures de débat ressemblent à une prolongation du débat sur le mariage pour tous qui a opposé pendant plusieurs mois les Français et les parlementaires, en 2013.
> On prend les mêmes et on recommence
Dans l'opposition:

Le porte-parole de l'UMP sur ce texte est le député animateur de la conservatrice Entente parlementaire pour la famille Philippe Gosselin. Il s’est défendu de "toute intention de jouer le match retour ou de volonté de revanche" mais demande des éclaircissements.

Son collègue Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, affilié à l'UMP, a été l’un des premiers à s’exprimer dans l’hémicycle pour demander un renvoi en commission du texte. Il critique une "proposition dans la droite ligne de la loi mariage pour tous" et ne redoute que l’Assemblée nationale ne se "transforme en simple chambre d'enregistrement des évolutions sociétales".

L'UMP Hervé Mariton est lui aussi de la partie. Plus raisonnable que Philippe Gosselin et Jean-Frédéric Poisson qui ont déposé respectivement 72 et 67 amendements, le député UMP de la Drôme en a signé 37 et a tenu à rappeler dès le début des débats: "80% des enfants vivent avec leurs deux parents. La famille et la parenté ne sont pas à ce point abimés dans notre pays".
Dans la majorité:

Rapporteur du projet de loi sur le mariage pour tous, le député socialiste Erwann Binet est co-auteur de la proposition de loi sur la famille. "Aujourd’hui nous sommes en face de 600 amendements, sans doute une forme de nostalgie sur un débat que nous avons eu dans cet hémicycle", a lancé le député de l’Isère à l’adresse de Jean-Frédéric Poisson, dès sa première prise de parole lors de l’examen de la loi famille.

Enfin l’écologiste Sergio Coronado, lui aussi très assidu lors des débats de l’an dernier, a fait part de sa "déception" et regretté une certaine "couardise". "Je l'avais dit pendant le débat ouvrant le mariage au couple de même sexe, la stratégie qui consiste à ouvrir les portes de nos mairies aux couples de même sexe tout en fermant la porte au débat sur la manière dont ces couples font des enfants et la reconnaissance de la filiation me parait à la fois hypocrite et périlleux".
> Les mêmes procédés d'obstruction parlementaire
Ce texte de vingt articles compte près de 700 amendements, dont plus de 600 déposés par l'UMP. Pour réussir à atteindre un tel nombre, les députés de l'opposition ont parfois tout simplement au recours au copier-coller. Ainsi les amendements 228, 29, 522 et 225 sont strictement identiques mais déposés par des dépités différents. Pareil pour les amendements 48, 110, 63 et 161.
L'objectif de cette manœuvre? Prolonger artificiellement les débats, repousser l'adoption d'un texte et lui permettre de vivre plus longtemps dans les médias, cf les 5.000 amendements au projet de loi sur le mariage pour tous.