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Immigration illégale: Retailleau interpellé par Ciotti et des députés de l'aile droite de la macronie sur le budget en baisse

Bruno Retailleau à l'Assemblée nationale le 16 octobre 2024

Bruno Retailleau à l'Assemblée nationale le 16 octobre 2024 - Bertrand GUAY / AFP

Le rabotage d'une partie des crédits budgétaires du ministère de l'Intérieur passe mal sur certains bancs de l'Assemblée. En dépit d'annonce sur la création de nouvelles places en rétention administrative, le budget alloué à la lutte contre l'immigration irrégulière perd pour l'instant 40%. L'entourage de Bruno Retailleau promet des réponses la semaine prochaine.

Deux courriers séparés mais un même message. Éric Ciotti ainsi que deux députés Renaissance se sont fendus ce vendredi 18 octobre d'une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, s'inquiétant d'une baisse de 40% des crédits alloués à la lutte contre l'immigration irrégulière dans le budget 2025.

"Cette décision est incompréhensible", s'agace l'ex patron des Les Républicains (LR), désormais allié de Marine Le Pen, jugeant que "les Français font les frais de cette immigration incontrôlée".

"Nous ne comprenons pas"

Même son de cloche pour Mathieu Lefèvre et Charles Rodwell, issus tous deux des rangs de la droite et proches de Gérald Darmanin, l'ex locataire de la place Beauvau.

"Nous ne comprenons pas cette baisse massive de crédits", avancent les deux rapporteurs spéciaux des crédits "immigration, asile, intégration" du projet de loi de finances.

De quoi étonner alors que Bruno Retailleau veut réduire drastiquement l'arrivée de migrants sur le territoire français. Pour ce faire, il veut à la fois augmenter le nombre de place en centre de rétention tout en augmentant la durée possible du placement dans ces lieux fermés pour la faire passer dans certains cas de 90 à 210 jours.

Michel Barnier affiche haut et fort son soutien à de telles mesures tandis que le gouvernement planche sur une nouvelle loi immigration pour le début de l'année prochaine. Mais le tour de vis promis par le ministre de l'Intérieur semble impossible à déployer avec une baisse des crédits de lutte contre l'immigration irrégulière.

L'Intérieur reste très privilégiée

De quoi fâcher plusieurs syndicats de police qui ont déjà publiquement fait part de leurs inquiétudes. Et pour cause: d'après les calculs de Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP-Police-FO, les 3.000 places supplémentaires en centre de rétention administrative promise place Beauvau nécessiteraient l'embauche de 4.500 fonctionnaires de police supplémentaires.

Mais dans un contexte d'explosion du déficit et d'un budget 2025 très compliqué à boucler, le ministère de l'Intérieur reste très privilégié. Il bénéficie ainsi d'une hausse de 600 millions d'euros dédiés à la sécurité.

Le projet de loi de finances respecte également la trajectoire défendue par Emmanuel Macron pendant la campagne de 2022 avec une hausse continue des crédits du ministère avec l'objectif d'atteindre les 25 milliards en 2027.

Autant dire que la place Beauvau fait figure de chanceuse à côté du ministère du Travail qui voit son budget raboté de près de 2,3 milllairds d'euros tout comme le ministère des Outre-mer avec 7,4% de baisse.

Une hausse des crédits "déjà prévue"

Face à la grogne d'Éric Ciotti et de l'aile droite de la macronie, les choses devraient par ailleurs bouger lors des débats en hémicycle la semaine prochaine.

"C'est déjà prévu", avance l'entourage de Bruno Retailleau, joint par BFMTV.com, en plaidant pour "faire mieux avec moins" et en promettant notamment de "rationaliser les demandes d'hébergement des demandeurs d'asile".

Quant à la construction des 3.000 nouvelles places en centre de rétention administrative, elles doivent arriver progressivement, n'impliquant pas de hausse immédiate des effectifs.

Marie-Pierre Bourgeois