Féminicide de Mérignac: prise de bec entre Larcher et Dupond-Moretti après un vif échange avec une sénatrice LR

Ce sont deux forts caractères de l'arène politique qui se sont brièvement frités mercredi au Sénat. Durant la séance de questions au gouvernement, le président Gérard Larcher a sèchement repris le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Celui-ci adressait une réponse à Laurence Garnier, sénatrice Les Républicains de Loire-Atlantique, qui interpellait le gouvernement au sujet du féminicide de Mérignac.
"Toutes les mesures que vous avez prises à la suite du Grenelle sur les violences conjugales (...) n'ont pas été mises en place pour cette femme", a-t-elle reproché. "La mission d'inspection (...) parle d'une 'série de défaillances' et de 'dysfonctionnements'; on croirait entendre une annonce de gare pour annoncer le retard d'un train. (...) N'avez-vous pas honte d'une telle inefficacité de votre politique?"
"Vous répondez dans le respect!"
Après avoir laissé résonner les applaudissements émanant des bancs LR, majoritaires à la Chambre haute, Eric Dupond-Moretti a entamé sa prise de parole en déclarant: "Ce qui parfois me fait honte, c’est l’exploitation..." Un début de réponse qui a instantément provoqué les huées de la majorité sénatoriale.
"...c’est l’exploitation cynique et obscène d’une situation que nous avons tous à déplorer avec beaucoup d’émotion. Nous avons fait bien plus que vous depuis des années", a-t-il poursuivi, haussant la voix pour tenter de se faire entendre dans le brouhaha.
C'est alors que le président LR du Sénat, Gérard Larcher, l'a interrompu: "M. le garde des Sceaux, j'ai appelé tout le monde au respect! Vous répondez dans le respect!" Et de réitérer dès lors que le calme est revenu dans l'hémicycle du palais du Luxembourg:
"J'ai appelé tout le monde au respect au début de la séance, vous répondez en respectant l'auteur de la question." De quoi susciter les applaudissements des élus issus de sa famille politique.
"Nous n'avons pas à avoir honte"
Eric Dupond-Moretti a alors repris son propos, indiquant tout de même ne pas savoir s'il est respectueux de "demander au Premier ministre s'il a honte". Le ministre de la Justice a ensuite rappelé les efforts du gouvernement en matière de prévention des violences conjugales après les tables rondes organisées de septembre à novembre 2019.
"Il n'y a pas matière, bien sûr, à faire en la matière de triomphalisme, parce qu'un crime, perpétré dans ces conditions en particulier, est un crime de trop", a-t-il reconnu, répétant comme il l'a dit à l'AFP qu'il n'aurait pas "la main qui tremble si les dysfonctionnements sont avérés".
Le locataire de la place Vendôme a tout de même conclu sur cette pique adressée à la droite: "Nous n'avons pas à avoir honte d'avoir fait ce que vous n'avez jamais fait". Inutile de préciser que le propos n'a pas satisfait la majorité.