Dégradation de permanences, outrages: neuf atteintes aux parlementaires liées à la loi Duplomb recensées

Une pancarte avec le message Loi Duplomb danger, avec un dessin de tête de mort, lors de la manifestation contre la loi Duplomb, à Paris, France, le 8 juillet 2025. - HENRIQUE CAMPOS / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La loi Duplomb cristallise les tensions. Neuf atteintes aux parlementaires ont été recensées dans le cadre des débats autour de cette loi qui prévoit la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions d'un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, indique le ministère de l'Intérieur.
"La plupart des faits sont des dégradations de permanences, des rassemblements devant les permanences ou des outrages sur les réseaux sociaux", abonde Beauvau.
Sur ces neuf atteintes aux parlementaires, sept proviennent d'opposants à la loi et deux de soutiens à la loi, selon nos informations.
Parmi les pro-loi Duplomb, le 1er février, une centaine d'apiculteurs se sont rassemblés devant la permanence du sénateur LR Laurent Duplomb, dont la loi porte le nom. Puis le 18 mai, une vingtaine d'agriculteurs se sont rassemblés devant la permanence de la députée écologiste Lisa Belluco. Ils ont déposé des bottes de paille portant les inscriptions "Ne plombez pas Duplomb" et "Stop Surtransition": un geste qualifié de "destruction de permanence" par les autorités.
Une députée qualifiée d'"assassin"
Du côté des anti-loi Duplomb, des personnes ont jeté des oeufs et ont fait des graffitis qualifiés d'"hostiles" par les autorités sur la permanence du sénateur Laurent Duplomb le 29 juin dernier. Un policier a été blessé lors de l'interpellation d'une de ces personnes. Le même jour, des autocollants anti-loi Duplomb ont été collés sur la permanence du député EPR Bastien Marchive. Ce qui est recensé là encore comme une "destruction de permanence" par les autorités.
Fait plus grave: le 11 juillet, un internaute a qualifié "d'assassin" la députée EPR Sandra Marsaud qui avait publié son soutien aux agriculteurs sur Facebook.
Des internautes ont également posté sur Facebook et Instagram une publication ayant pour titre "Antoine ARMAND et Véronique RIOTTON (deux députés, NDLR) votent pour l'empoisonnement de nos enfants et la destruction de la biodiversité ".
Le 17 juillet, deux personnes ont été interpellées alors qu'elles étaient en train de coller des affiches sur la permanence du député RN René Lioret. "Les affiches mettaient en avant le fait que le député avait voté la loi Duplomb", indiquent les autorités.
Le même jour, des affiches ont été retrouvées placardées sur la permanence de la députée Modem Delphine Lingemann. "Voici les députées et les députés qui ont voté pour la loi Duplomb, le vivant les jugera", peut-on y lire.
Sur notre plateau ce lundi 21 juillet, le député Horizons Loïc Kervran affirme également faire l'objet de pressions. "On m'écrit et on me souhaite d'avoir le cancer. On souhaite à mes enfants d'avoir le cancer parce que j'ai voté la loi Duplomb. On placarde des affiches dans ma commune et celles où mes enfants allaient à la crèche et à l'école", décrit l'élu du Cher.
"C'est vraiment un niveau de débat démocratique, de fake news et d'utilisation de l'émotion sur ce thème du cancer qui est insupportable", déplore-t-il.
L'acétamipride, le pesticide en question, est réclamé par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale de leurs concurrents européens. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre "un tueur d'abeilles". La gauche et les écologistes dénoncent son impact environnemental. Ses effets sur l'humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d'études d'ampleur.
La loi Duplomb, présentée par ses défenseurs comme une réponse aux manifestations du monde agricole de 2024, contient d'autres mesures controversées, sur le rôle de l'Anses ou le stockage de l'eau pour l'irrigation des cultures (méga-bassines). Une pétition contre cette loi a été lancée le 10 juillet dernier et a déjà récolté plus de 1,4 million de signatures ce lundi après-midi.
Un chiffre largement au-dessus du seuil requis des 500.000 pour obtenir un débat en séance sur cette pétition, si la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale, qui fixe l'agenda, en décide ainsi mi-septembre lors de la rentrée parlementaire.