Conclave sur les retraites: la motion de censure des socialistes pour renverser François Bayrou mise en échec

François Bayrou à l'Assemblée nationale le 3 mars 2025 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Les députés viennent au moins d'accorder un trimestre de répit à François Bayrou. L'Assemblée nationale a largement rejeté la motion de censure déposée par les socialistes et soutenue par toute la gauche ce mardi 1er juillet au soir.
Ce texte qui visait à faire tomber le premier ministre n'a récolté que 189 voix, très loin des 289 nécessaires pour espérer le renverser.
Fin de la bienveillance du PS
Faute de soutien des troupes de Marine Le Pen, les socialistes, même avec leurs alliés du Nouveau front populaire savaient bien n'avoir aucune chance. Mais les débats ont eu le mérite de clarifier la position du PS vis-à-vis du Premier ministre avant la pause parlementaire mi-juillet puis un automne budgétaire à très haut risque.
Alors que les députés d'Olivier Faure avaient conclu un accord de non-censure avec le centriste en janvier dernier, lui permettant de faire voter le budget de l'État et de la sécurité sociale, l'échec du conclave des retraites fin juin a sonné le glas de cette bienveillance.
Les socialistes reprochent au Premier ministre de ne pas proposer au Parlement un projet de loi pour débattre du report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, sur lesquel les députés n'ont jamais pu se prononcer. En 2023, faute de majorité, Élisabeth Borne, alors cheffe du gouvernement, avait choisi d'activer l'article 49.3 de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans le vote des députés.
Mais comme François Bayrou l'a expliqué ce jeudi lors d'une conférence de presse, les partenaires sociaux ne sont pas mis d'accord sur ce sujet. De quoi lui permettre d'évacuer la question, au grand dam des socialistes qui ont annoncé dans la foulée le dépôt d'une motion de censure. Le parti à la rose s'estime désormais "trahi" comme l'a expliqué Olivier Faure ces derniers jours.
Le RN, allié pour l'instant
Son ton n'a rien de surprenant. Le centriste avait déjà dénoncé ce dimanche sur RTL une motion de censure sous forme de "blague". L'humour pourrait cependant vite prendre une tournure acide.
À la recherche de 40 milliards d'euros d'économies pour boucler le budget de l'État et de la sécurité sociale, le chef du gouvernement devrait se retrouver à nouveau confronté à une motion de censure à l'automne, voire même plusieurs, avec à chaque fois le risque de tomber, comme son prédécesseur Michel Barnier en décembre dernier.
Pour l'instant, François Bayrou peut compter sur le Rassemblement national. Mais cela pourrait ne pas durer. "On est tous d’accord pour se dire que ce gouvernement ne vivra pas très longtemps", a asséné Jordan Bardella, le président du RN ce samedi lors d'une convention réunissant les troupes d'Éric Ciotti et les députés du parti à la flamme.
Le budget, séquence à très haut risque
Plusieurs pistes sur la table pour faire des économies comme la désindexation des pensions de retraites de l'inflation pourraient ainsi donner un motif de censure aux députés de Marine Le Pen.
Autre objet qui pourrait susciter le courroux des députés du parti à la flamme: la loi de programmation pluriannuelle sur l'énergie. Alors que ce texte pourrait augmenter à terme les factures d'électricité des Français, le Premier ministre entretient le flou sur la publication de certains décrets, au grand dam du RN.
Quant aux Républicains, ils sont de moins en moins cléments avec le chef du gouvernement. Ce dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a déjà prévenu sur BFMTV qu'il "s'opposerait" à tout débat au Parlement sur la mise en place de la proportionnelle aux prochaines législatives.
Le socle commun, de moins en moins soutien
Vrai casus belli pour la droite, les troupes LR pourraient décider de quitter le gouvernement et de cesser de soutenir François Bayrou s'il décidait de persister et signer. Quant aux macronistes, ils ne soutiennent le Premier ministre que du bout des lèvres.
"Le principal point commun des forces politiques qui soutiennent ce gouvernement. c'est de vouloir qu'il y ait un gouvernement en France. Voilà, on en est là", a résumé le président des députés Renaissance sur France info ce mardi matin.