Impôt des plus riches, croissance... Les pistes envisagées par Bercy pour faire 40 milliards d'euros d'économies en 2026

Des dizaines de milliards d'euros d'économie en 2026. C'est ce que souhaite Bercy afin d'atteindre son objectif de réduction du déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, et "sous les 3%" à l'horizon 2029". Invité de BFMTV ce dimanche 13 avril, le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a plus précisément tablé sur un "effort" de 40 milliards d'euros d'économie. Mais où l'État va-t-il trouver ces fonds? Plusieurs pistes sont à l'étude.
• Prolonger l'impôt sur les hauts revenus
Si le ministre de l'Économie a écarté sur BFMTV une nouvelle hausse d'impôts sur les classes moyennes, il n'en va pas de même pour les hauts revenus.
Plaidant "l'équité" et un "signal de solidarité", il souhaite pérenniser la contribution différentielle sur les plus hauts revenus appliquée en 2025 par le gouvernement de Michel Barnier. Une contribution au départ présentée comme "exceptionnelle" au moment de son introduction.
L'actuel gouvernement de François Bayrou "ne s'était pas engagé sur une durée d'un an, c'était le précédent", s'est défendu le locataire de Bercy.
La prolongation de cet impôt sur les grandes fortunes - soit les revenus supérieurs à 250.000 euros par an pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple sans enfant - permettrait de prélever deux milliards d'euros auprès de "quelques dizaines de milliers de contribuables". Le gouvernement dit également souhaiter combattre la suroptimisation fiscale.
Quid de l'impôt sur les grandes entreprises? Sur BFMTV, le ministre de l'Économie a assuré que l'impôt exceptionnel sur les grandes entreprises, qui a rapporté 8 milliards d'euros en 2025, "ne sera pas reconduit". Toutefois, selon nos informations, Bercy n'a pas encore tranché cette question. La prolongation de l'impôt sur les entreprises les plus profitables n'est pas encore écartée.
• Réduire les dépenses des agences de l'État
Bercy veut s'attaquer à l'arlésienne des nombreuses agences de l'État en réduisant leur nombre, leurs équipes, et leurs frais de fonctionnement.
L'Assemblée a d'ailleurs approuvé ce vendredi 11 avril un article du projet de loi de "simplification", prévoyant que les commissions et instances consultatives auprès du gouvernement ne soient créées que pour trois ans. Une autre disposition prévoit la suppression de deux instances pour pouvoir en créer une. L'examen de cette loi est suspendue pendant deux semaines en raison de la pause parlementaire mais reprendra le 29 avril.
• Les retraités, dans le viseur
L'exécutif n'écarte pas la possibilité de supprimer l'abattement fiscal pour les retraités dans le prochain budget, ou encore de désindexer les pensions de retraite sur l'inflation. Des mesures qui avaient été évacuées lors du vote du précédent budget face à la levée de boucliers qu'elles avaient suscitée.
• Un nouvel effort demandé aux collectivités?
Le gouvernement a déjà demandé aux collectivités en 2025 un "effort financier" de 2,2 milliards d'euros. Si cet effort a été allégé - il devait initialement être de 5 milliards - en raison des mécontentements, le gouvernement pourrait bien de nouveau se tourner vers les collectivités pour atteindre les 40 milliards d'économie en 2026, selon nos informations.
• Un renforcement de la croissance
Le ministre de l'Économie a concédé sur notre plateau que l'effort de 40 milliards d'euros portera "essentiellement" sur des "économies". Mais il veut aussi croire à "une augmentation des recettes liées à la croissance". "En 2026, nous aurons une visibilité plus grande sur le budget et une visibilité beaucoup plus grande sur la situation américaine", a-t-il déclaré.
La prévision de croissance en 2025 a été abaissée à 0,7% à cause des droits de douane instaurés par Donald Trump tout azimut. Éric Lombard a toutefois estimé que si la France est "en état d'alerte budgétaire", ce n'est pas lié à la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis mais bien aux "déficits cumulés" du pays.
• Des pistes discutées ce mardi
Le Premier ministre François Bayrou a convoqué ce mardi 15 avril une conférence publique destinée à sensibiliser les Français aux "pathologies" budgétaires du pays. Lors de cette conférence de presse, les différentes pistes pour trouver les 40 milliards d'euros seront évoquées.
"Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès mardi", a lancé Éric Lombard.