Nicolas Sarkozy redevient un justiciable ordinaire

Nicolas Sarkozy redevient à partir de minuit ce vendredi un justiciable ordinaire. - -
Nicolas Sarkozy redevient un justiciable comme les autres ce vendredi à minuit. Les juges peuvent donc, s'ils le souhaitent, preuve à l'appui, poursuivre l'ancien chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy risque donc des ennuis judiciaires dans l'affaire Bettencourt. Il existe des soupçons de financement illégal de la campagne en 2007. Au moment où il y avait des mouvements de fond, les juges notent des rendez-vous entre Patrice de Maistre, l'homme de confiance des Bettencourt, et Eric Woerth, à l'époque trésorier de la campagne. Ils ont aussi la preuve que Nicolas Sarkozy s'est rendu au domicile des Bettencourt. Mais l'ancien président était-il au courant de versements occultes pour sa campagne ? Difficile à prouver. L'autre affaire, c’est Karachi. Nicolas Sarkozy était ministre du Budget en 1995. A ce titre, il pourrait être interrogé sur la création d'une société offshore par laquelle aurait pu transiter des commissions occultes. Mais là encore, difficile de prouver que l'ancien président était au courant de tout.
« Les juges ont fait le lien entre les Bettencourt et M. Woerth »
Gérard Davet est journaliste au Monde, il enquête sur l'affaire Bettencourt. Selon lui c’est l’affaire que doit le plus redouter Nicolas Sarkozy : « Il semble que l’affaire Bettencourt soit celle qui soit le plus en mesure de lui apporter le plus d’ennuis judiciaire. En effet, les juges bordelais ont démonté le système qui permettait à priori à l’UMP d’obtenir des fonds secrets de la part des Bettencourt. Or, M. Sarkozy était candidat en 2007 et M. Woerth était son trésorier. Les juges ont fait le lien entre les Bettencourt et M. Woerth. Ils leur reste à faire le lien entre M.Woerth et M. Sarkozy et pour cela, ils ont besoin d’interroger M. Sarkozy ».
« Les juges n'ont pas de preuve »
Pour Gérard Davet, il va être difficile de confondre Nicolas Sarkozy, malgré la volonté de la justice de poursuivre l’ancien chef de l’Etat : « Ce que l’on sait, c’est que le juge cherche dans tous les sens, dans tous les domaines. Il s’est procuré toutes les factures de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce dont il ne disposera pas, c’est la certitude que M. Sarkozy était au courant que des fonds secrets, des fonds occultes étaient versés lors de sa campagne. Dans l’affaire Karachi, on parle plus de son ombre sur ce dossier. Encore une fois, les juges n’ont pas la preuve précise qu’en 1995 Nicolas Sarkozy a participé au financement occulte de la campagne de Balladur ».
Pas d'immunité constitutionnelle
Pour Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à La Sorbonne/Université Paris 1, « les anciens présidents de la République, membres du Conseil constitutionnel, ne bénéficient d’aucune immunité particulière. Souvenez-vous, Roland Dumas dans l’affaire Elf était président du Conseil constitutionnel et il a été poursuivi et mis en examen, son domicile a été perquisitionné. Souvenez-vous également de Jacques Chirac, ancien président de la République, membre de droit du Conseil constitutionnel et qui a été poursuivi devant la justice pour les affaires d’emplois fictifs à l’Hôtel de ville ».