Najat Vallaud-Belkacem s'alarme d'une trop forte majorité En Marche
Lors du débat qui opposait ce jeudi soir Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Bonnell, candidats encore en lice au second tour des législatives dans la 6e circonscription du Rhône, Ruth Elkrief a évoqué le dernier sondage Elabe pour BFMTV. Celui-ci établit que 61% des Français souhaitent que la soirée de dimanche prochain rectifie celle de dimanche dernier et envoie à l'Assemblée nationale une majorité "La République en marche" moins forte qu'attendue. Selon les estimations du même institut pour notre antenne, la majorité présidentielle pourrait compter de 415 à 445 députés à l'issue des législatives.
2012-2017, deux poids, deux mesures, selon Bruno Bonnell
Bruno Bonnell, qui porte ces couleurs, a réagi, en dressant un parallèle entre la situation actuelle et le quinquennat précédent.
"En 2012, nous avions un président de la République qui avait le contrôle de l’Assemblée nationale, un nombre considérable de sénateurs, une grande majorité des régions et des municipalités. Là, ça n’inquiétait personne et cette année parce que le petit nouveau a réussi à expliquer aux Français qu’il fallait réformer la France, c’est devenu problématique", a-t-il dit, avant de prolonger: "C’est fort de café, on est tous devenus amnésiques en cinq ans. Si on dit aux Français: 'Préférez-vous que ce soit plus équilibré?' Les gens sont raisonnables, ils aiment l’équilibre. Mais si dans les territoires, les gens votent pour Emmanuel Macron et pour 'La République en marche' laissons-les faire! La France a le droit de choisir son destin."
Najat Vallaud-Belkacem, candidate PS dans la circonscription où elle a été devancée de vingt points au premier tour par son interlocuteur, n'a pas partagé cette vision: "Les Français sont loin d’être des imbéciles. Et s’ils sont majoritaires à vous dire que finalement ça commence à les inquiéter un peu, c'est qu'ils sentent bien qu’il y a quelque chose de différent de 2012. " Elle a alors développé: "Quelle est la différence? En 2012, certes comme souvent dans le fait quinquennal le président qui vient d’être élu a une majorité parlementaire de la même couleur que lui mais il a, face à lui, une opposition."
Et cette possibilité pourrait selon elle poser un problème institutionnel. "Aujourd’hui avec la très large majorité d’"En Marche!" on risque de ne même plus avoir les 60 députés d’opposition qui sont nécessaires pour saisir le Conseil constitutionnel lorsqu’un texte de loi déposé par le gouvernement va à l’encontre de nos libertés fondamentales", s'est-elle alarmé. Elle a enfin conclu: "Et en 2012 ou 2007 on savait quelle majorité on donnait au pays. Aujourd’hui, je maintiens qu’il y a le flou le plus total sur les textes du gouvernement." Pour Bruno Bonnell, toutefois, il n s'agit pas d'un flou mais de l'absence de "dogmatisme s'imposant à tous".
Najat Vallaud-Belkacem s'étonne que son adversaire n'ait pas réagi au soutien du FN
Les deux personnalités politiques ont aussi aiguisé leurs traits autour d'autres sujets, comme celui du soutien apporté au représentant de "La République en marche" par le Front national local. "Quand je vois que monsieur Bonnell ce matin ne réagit pas quand le Front national à Villeurbanne lui apporte son soutien pour me faire battre je me dis qu’une personne profondément à gauche aurait pu avoir une réaction", a indiqué l'ancienne ministre de l'Education nationale.
"Si le FN m’apporte son soutien c’est à peu près équivalent à la France insoumise qui vous apporte le sien. Je ne crois pas au consignes de vote, je crois que les gens en ont assez de cette obéissance, ils veulent de l’adhésion", a répliqué Bruno Bonnell. Cette comparaison n'a pas davantage convaincu sa rivale: "La France insoumise n’a rien à voir avec le Front national. Je ne vous laisserai pas le prétendre", lui a-t-elle lancé.