Marine Le Pen espère briser le "mur de verre" en 2012

S'il n'a placé que deux élus dans les conseils généraux à l'issue des cantonales, le Front national a confirmé sa percée et sa présidente, Marine Le Pen, espère en profiter pour franchir, aux législatives de 2012, l'obstacle d'un scrutin majoritaire à deu - -
PARIS (Reuters) - Le Front national n'a remporté que deux sièges dimanche au second tour des élections cantonales mais il a accentué sa progression et réalisé localement des scores qui ne peuvent qu'inquiéter la classe politique.
Crédité d'un score national de 11,73% alors qu'il n'était présent que dans environ 400 cantons sur 1.566, le FN a obtenu 40% en moyenne là où il avait un candidat, confirmant la porosité observée entre l'UMP et l'extrême droite.
Même si le verre est à moitié vide pour le FN, qui n'a pas réussi à franchir l'obstacle du scrutin majoritaire à deux tours, le parti de Marine Le Pen progresse de 10 à 15 points, selon ses calculs, avec un gain de plus de 300.000 voix.
"Le Front National a enregistré une progression de 47% entre les deux tours des élections cantonales dans les 403 cantons où il était présent. Il est passé ainsi de 622.292 voix au premier tour à 915.279 voix au second tour dans les cantons où il concourait", affirme Marine Le Pen dans un communiqué.
Pour la chef de file du FN, cette poussée fait mentir ceux qui affirment que son parti, jusque-là considéré comme uniquement protestataire, ne dispose pas de réserves de voix et confirme l'idée d'un "vote d'adhésion."
"Encore quelques coups de boutoir, quelques coups d'épaule pour que le système s'effondre", a-t-elle dit dimanche soir en promettant au parti de Jean-François Copé une déroute aux législatives qui suivront la présidentielle de 2012.
Dans un échange très vif avec le secrétaire général de l'UMP, la présidente du FN a eu du mal, cependant, à cacher sa déception d'avoir si peu d'élus.
UN PARTI COMME LES AUTRES
Le FN a en effet échoué dans des cantons où il avait placé beaucoup d'espoir, comme à Montigny-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, où le secrétaire général du parti Steeve Briois a été battu avec 45% des suffrages, et à Perpignan-9 où concourait Louis Aliot, vice-président et compagnon de Marine Le Pen.
Sur le site internet du Parisien, Roland Cayrol, politologue et directeur du Centre d'études et d'analyses, relativise le percée frontiste.
"Sa poussée est réelle puisque là où il était encore présent, il augmente sensiblement son score. Mais on voit bien que dans leur majorité, les Français ne veulent pas faire passer le FN", dit-il.
Même constat du politologue Jérôme Jaffré sur LCI: "Les électeurs de la droite modérée ne vont pas comme ça vers le Front national".
Néanmoins, la progression du FN dépasse de loin le résultat des urnes puisque le parti d'extrême droite impose ses thèmes depuis l'élection de Marine Le Pen à sa tête en janvier et pose un casse-tête à la droite en vue de la présidentielle de 2012.
"DÉDIABOLISATION"
Dès dimanche soir, un nouveau sondage Ipsos confirmait que la présidente du FN serait au second tour de la présidentielle dans tous les cas et que Nicolas Sarkozy serait éliminé quel que soit le candidat socialiste, à l'exception de Ségolène Royal.
Selon un sondage BVA pour Les Echos et France Info publié lundi, "Marine Le Pen a gagné son pari de la dédiabolisation."
Pour la première fois le FN est désormais considéré comme un parti comme les autres par une majorité de Français et les deux tiers des sympathisants de l'UMP et des catégories populaires, dit cette enquête.
En effet, 52% des personnes interrogées, contre 47%, pensent que le FN est désormais un parti comme les autres.
Dans le même temps, les mesures prônées par le FN sont rejetées, surtout celles portant sur les questions économiques et sociales.
Divisé entre centristes et certains de ses ultras, l'UMP va devoir clarifier ses positions et trouver une parade.
L'objectif avoué par Marine Le Pen est clair: devancer le candidat UMP au premier tour et affronter seule le candidat de gauche afin de provoquer un éclatement du parti majoritaire et récupérer la mise aux législatives.
Marine Le Pen avait annoncé la semaine dernière à Reuters que les candidats ne se présenteraient plus sous l'étiquette FN mais au nom d'un "pôle de rassemblement" susceptible de rallier des divers droites et transfuges de l'UMP, notamment.
Un changement de nom dans la foulée de la présidentielle ne pourrait qu'amplifier la "vague bleu Marine", calculent les stratèges du FN, qui voudraient se débarrasser au plus vite de l'étiquette d'extrême droite.
Gérard Bon Edité par Sophie Louet