Macron se rend en Algérie pour soigner sa stature internationale

Emmanuel Macron, le 8 février 2016. - Patrick Kovarik - AFP
C'est un passage obligé pour les candidats à la présidentielle. Emmanuel Macron multiplie les déplacements à l'étranger afin de soigner sa stature de potentiel homme d'Etat. Ce lundi, il se rend en Algérie, pour une visite de deux jours qui marque en particulier sa volonté d'une coopération autour du bassin méditerranéen.
Ce déplacement fait suite à celui du mois de novembre, en Tunisie, et sera peut-être bientôt suivi d'une visite au Maroc. Au programme notamment, une rencontre avec le chef du gouvernement algérien et plusieurs de ses ministres, dont celui des Affaires étrangères, afin d'aborder les questions géopolitiques dont souhaite s'emparer Emmanuel Macron, pour qui "la politique arabe et méditerranéenne doit être replacée au cœur de (la) diplomatie" française.
Faire oublier ses propos sur la colonisation
Le candidat plaide entre autres pour un renforcement de l'Agence européenne des gardes-frontières et gardes-côtes (Frontex), et avait appelé à "s'appuyer sur l'Algérie et l'Égypte, qui ont les mêmes intérêts que nous", pour agir en Libye. L'Algérie est "incontournable dans une campagne présidentielle" française, souligne son entourage, en raison de ses liens historiques, culturels mais aussi économiques et commerciaux avec la France. "C'est un pays avec lequel nous n'avons pas de partenariats formalisés mais qui est pourtant un partenaire important", note le conseiller, qui évoque des possibilités de coopération et le thème de la sécurité en Méditerranée.
Au cours de cette visite, Emmanuel Macron doit également déposer une gerbe au Mémorial du martyr, monument aux morts surplombant Alger qui rend hommage aux combattants de la guerre d'indépendance, avant de se rendre à la Basilique Notre-Dame d'Afrique. Un moyen peut-être de faire oublier des propos qui ont fait polémique en Algérie. En novembre dernier, dans une interview au Point, le candidat à la présidentielle avait provoqué la colère de certains Algériens en parlant des "belles et des mauvaises histoires" de la colonisation.
"Alors oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie", avait-il déclaré.
Liban, Jordanie, Allemagne...
Enfin, Emmanuel Macron devrait rencontrer des membres de la communauté française d'Algérie, comme lors de ses précédents déplacements à Londres (en septembre), New York (en décembre), et Berlin (en janvier). Fin janvier, il s'était aussi rendu au Proche-Orient, lors d'une visite de trois jours au Liban et en Jordanie. Il avait alors rencontré le président et le Premier ministre libanais, et plaidé pour que la France renoue "avec la conception gaullo-mitterrandienne d’une politique internationale d’indépendance et d’équilibre."
Emmanuel Macron ne manque jamais de souligner sa bonne volonté, en tenant des conférences en anglais ou en tweetant dans plusieurs langues, comme le 28 janvier, pour ses vœux à l'occasion du Nouvel An chinois, ou ce lundi, pour féliciter le nouveau président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à peine élu.
Couac en Tunisie
Malgré la multiplication des déplacements à l'étranger, l'exercice peut se révéler à double tranchant. Lors de sa visite en Tunisie, alors qu'il n'avait pas encore officialisé sa candidature, que tous avaient pourtant à la bouche, le leader d'En Marche! avait souhaité rencontrer le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Mais pour ménager son homologue français François Hollande, celui-ci avait décliné.
Comme le rapporte Jeune Afrique, c'est finalement le fils du président qui avait reçu le candidat, dans le salon d'honneur de l'aéroport de Tunis-Carthage.