Macron à Bercy: deux ans à irriter la gauche

Emmanuel Macron, le 14 novembre 2015. - Stéphane de Sakutin - AFP
Démissionnaire du ministère de l'Economie en août dernier, Emmanuel Macron s'apprête à annoncer sa candidature ce mercredi, à Bobigny. Ses deux ans auront laissé le souvenir d'une succession de saillies provoquant l'émoi, notamment au Parti socialiste.
> Son profil de banquier, symbole d'un "virage social-libéral"
Dès son entrée au gouvernement en 2014, Emmanuel Macron, alors âgé de 36 ans, se met à dos une partie de la gauche. Ce qui coince avec le successeur d'Arnaud Montebourg? Celui qui était jusque-là secrétaire général adjoint de l'Élysée n'a jamais été élu, n'est pas membre du PS et son profil d'ex-banquier d'affaires à la banque Rotschild est le symbole, pour les frondeurs du parti, de la "nouvelle ligne-sociale-libérale" de l'exécutif.
> Succession de déclarations tapageuses
Pendant tout son séjour à Bercy, Emmanuel Macron n'hésite pas à heurter la gauche avec des positions provocatrices. Juste après sa nomination, il choque en affirmant que "beaucoup" d'ouvrières réduites au chômage par la fermeture des abattoirs bretons Gad étaient "illettrées", et finit par s'excuser.
Emmanuel Macron s'attaque aux totems du PS et distille les petites phrases sur les 35 heures, le statut des fonctionnaires, le principe d'un mandat électif en politique. "Macron...Comment vous dire ? Ras-le-bol !", tonne en septembre 2015 Martine Aubry.
Il ne se prive jamais non plus de critiquer, plus ou moins discrètement, certains choix du couple exécutif, ce qui lui vaut d'être régulièrement rappelé à l'ordre. Manuel Valls ne cache plus non plus son agacement à l'égard de son ministre, qui lui disputait le créneau de la gauche réformiste.
> Loi Macron et passage en force avec le 49-3
Pourtant, malgré les réactions virulentes qu'il suscite, Emmanuel Macron reste au gouvernement. Celui qui prône une approche libérale de l'économie, s'attire encore les foudres des frondeurs avec sa loi "pour l'activité, la croissance et l'égalité des chances économiques" - plus connue sous le nom de loi Macron - un texte fourre-tout qui va de l'extension du travail du dimanche à la libéralisation du transport en autocars.
Faute de majorité, il faudra -pour la première fois du quinquennat - un triple recours au 49-3 pour qu'elle soit définitivement adoptée en juillet 2015.
> Ministre, il lance son propre mouvement politique
Nouveau coup de boutoir contre l'autorité du chef de l'Etat en avril 2016: Emmanuel Macron, qui cultive à l'époque l'ambiguïté sur ses ambitions pour la présidentielle de 2017 et compte parmi les personnalités politiques les plus appréciées de l'opinion, lance tout en étant à Bercy son propre mouvement politique "transpartisan", "En marche !". Un tournant qui suscite de nombreuses interrogations sur sa place dans l'équipe gouvernementale.
Encore récemment, il avait occupé l'espace médiatique en lançant, lors d'une visite au Puy-du-Fou en août: "L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste".
L'ultime avertissement était venu de François Hollande lui-même, qui avait dû entamer la traditionnelle interview du 14 juillet par un énième recadrage, deux jours après un premier meeting parisien de son mouvement.
> Sa démission, "coup de bambou" pour Hollande
Mais sa démission le mardi 30 août ne contente pas pour autant la gauche. "C'est un coup de bambou" pour le chef de l'Etat, a regretté un ministre, "un Kinder surprise pour convenance personnelle", a taclé le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, accusant Emmanuel Macron de vouloir "empêcher" le chef de l'Etat de se présenter.