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Livraison d'armes à l'Ukraine: Alexis Corbière accusé d'avoir violé le "secret défense"

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Le député de la France insoumise a affirmé ce mercredi que la France livrait des gilets pare-balles et des missiles anti-char à l'Ukraine.

Une erreur d’Alexis Corbière? Invité de France Info ce mercredi, le député insoumis de Seine-Saint-Denis s'est retrouvé bien mal à l'aise. Interrogé sur les livraisons d'armes de la France à l'Ukraine, en guerre avec la Russie depuis fin février, Alexis Corbière a laissé échapper qu'il s'agissait "de quelques gilets pare-balles et quelques missiles anti-char."

"Vous avez la liste?", l'interroge à ce moment-là le journaliste Marc Fauvelle. "Je siège à la commission Défense nationale et des Forces armées et je ne dois pas vous la dire", répond Alexis Corbière.

"J'avais cru comprendre qu'il y avait un secret-défense sur cette question, mais je me suis peut-être trompé", glisse le journaliste. Le député insoumis rétropédale alors: "Je ne sais pas le détail, mais ça ressemble manifestement à ça." "Ne cherchez pas à me troubler ce n’est pas le sujet, c’est au gouvernement français de vous dire les choses”, ajoute-t-il.

Paris appelle à la discrétion

Joint par France Info, le ministère des Armées a affirmé qu'il "ne commente pas le contenu des livraisons pour des raisons expliquées maintes fois par la ministre et le porte-parole du ministère français des Armées."

La France livre-t-elle du matériel à l'Ukraine? Oui. Mais si Paris assume de plus en plus la livraison de matériel défensif à l'Ukraine, aucune communication n'est faite sur le détail des cargaisons.

"Nous ne communiquons pas le détail des équipements livrés pour ne pas donner d’information sensible aux belligérants russes et pour des questions de sécurité", justifiait fin février le ministère des Armées.

Corbière assure n'avoir "accès à aucune information confidentielle"

Martin Briens, directeur de cabinet de la Ministre des Armées, a été auditionné le 1er mars par la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale, dont est membre Alexis Corbière. Deux jours plus tard, Gabriel Attal expliquait que le ministère avait "communiqué très directement" à la représentation nationale sur le détail des livraisons d'armes.

Cette réunion était organisée à huis-clos. Elle n'était donc pas ouverte à la presse, ni enregistrée. Et il est d'usage que les personnalités auditionnées transmettent aux parlementaires des informations confidentielles.

Pourtant, quelques heures après son interview sur France Info, Alexis Corbière s'est défendu dans un tweet, affirmant qu'il n'avait accès à aucune information confidentielle. "Selon des journalistes, j'aurais violé le secret défense. Faux. Aucun parlementaire n'est d'ailleurs habilité 'secret défense'", a-t-il assuré.

Attal déplore la "légèreté" de Corbière

Interrogé lors de son point-presse hebdomadaire au sortir du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a réagi à la controverse. Gabriel Attal en a d'abord livré le contexte: "Vous m’avez demandé de communiquer la liste des équipements de défense à l’Ukraine. Je ne l’ai jamais fait, car ça serait communiquer aussi à la Russie ce qu’il manque dans cette guerre."

"Pour autant, nous sommes respectueux des institutions. C’est pour ça que nous avons communiqué la liste à la Commission de la Défense de l'Assemblée dans une réunion à huis clos", a-t-il pris soin de préciser.

Il s'en est alors pris à Alexis Corbière: "Qu'un député, membre de la Commission de la Défense, se permettre de relayer les informations diffusées dans le cadre de cette réunion ça n’est pas responsable". "Par ailleurs, c'est fait dans des conditions de légèreté et d'approximation assez soutenues si j'ai bien lu les citations", a-t-il ajouté.

Une réaction courroucée donc qui ne vaut toutefois pas tout à fait pour un démenti. "J’appelle à la responsabilité. Il en va de la sécurité des Ukrainiens, il s'agit d'un conflit majeur", a encore noté Gabriel Attal. "Si nous n’avons pas communiqué publiquement, c’est pour de bonnes raisons."

Ariel Guez