UMP : les petites phrases du duel Fillon-Copé

François Fillon et Jean-François Copé - -
"Catastrophique", "désastreuse", la bataille pour l'UMP s'envenime de jour en jour. Alors que l'idée d'une médiation d'Alain Juppé progresse, les blocages persistent quand même et les attaquent entre les deux camps s'aggravent.
Depuis dimanche soir, les camps des deux candidats à la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon, ne se privent pas de s'envoyer des "petites phrases", voire de véritables attaques. Florilège.
Le "capharnaüm" de la nuit de dimanche à lundi
En début de soirée, Patrick Ollier, député des Hauts-de-Seine et proche de François Fillon annonce "sereinement" "la victoire de Fillon". Au même moment, un proche de Jean-François Copé déclare de son côté que "Copé a 1.000 voix d'avance sur l'ensemble des votants. C'est fait.
"C'est un putsch médiatique", s'exclame Dominique Dord, député de Savoie et filloniste, un "capharnaüm" pour Valérie Pécresse, députée des Yvelines, également filloniste. "Personne ne peut aujourd'hui se prévaloir d'être élu", déclare alors François Fillon. Le ton est donné et promet un lendemain agité...
Lundi : une fracture "politique et morale"
... Ce qui ne manque pas. En début de journée le résultat n'est toujours pas annoncé, et provoque des mots d'esprits de Thierry Mariani, le sénateur des Français de l'étranger. "L'avantage du RPR, c'est que nous connaissions le résultat de l'élection 48 heures avant le jour du vote, pas 48 heures après", plaisante-t-il.
Une sortie humoristique qui a inspiré Xavier Schallebaum, ex-directeur de la communication de l'UMP, qui a cru bon de lancer que "dès demain, l'UMP (sera) condamnée au mariage homo Copé-Fillon".
Puis Jean-François Copé est finalement désigné président par la COCOE (avec 98 voix d'avance") et s'empresse d'affirmer que ses "mains et (s)es bras sont grand ouverts".
"Je prends acte du résultat (...), la fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste, cette fracture est à la fois politique et morale", lui répond François Fillon. On pense alors que la situation va redevenir normal, malgré le froid évident qui règne entre les deux camps.
Mardi : "l'UMP est malade"
C'est effectivement ce qui semble se passer mardi. Mais même si Jean-François Copé tente de "positiver" en affirmant que "c'est maintenant qu'on reconstruit", cela n'empêche pas les "mauvaises langues" de dresser un premier constat bien pessimiste. "L'UMP est malade", lâche par exemple Bernard Debré, député de Paris et pro-Fillon.
"Grotesque", ajoute Eric Ciotti, le furieux directeur de campagne de François Fillon, à propos de l'annonce de Jean-François Copé proposant à François Fillon de devenir vice-président du parti.
Mercredi : "la droite est en miette"
Mais c'est bien mercredi que la situation explose. "Je réclame la vérité", martèle François Fillon, après la découverte de "l'oubli" de trois fédérations d'Outre-Mer dans le décompte des votes. "Voilà que sortent de nulle part de nouvelles allégations", s'étonne alors Jean-François Copé.
Un "psychodrame" s'en suit. François Fillon menace de déposer "un recours devant la justice (...) si personne n'écoute ce que je demande". Du bluff pour Jean-François Copé, qui ne peut "pas imaginer qu'il aille à une telle extrémité".
Vient alors l'idée (émanant du clan Fillon) de confier la direction transitoire de l'UMP à Alain Juppé. Ca n'a "aucun sens" pour Christian Jacob, pro-Copé. Bref, "la droite aujourd'hui, elle est en miettes", synthétise Bruno Le Maire, fataliste.
Jeudi : entre médiation et insultes
L'ambiance ne s'améliore pas jeudi, au contraire. Alors qu'Alain Juppé propose une médiation, Jean-François Copé la refuse (dans un premier temps, puis finira pas l'accepter, mais sous condition).
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Devant un tel blocage, les langues se délient encore un peu. "Nous sommes en train de devenir l'écurie présidentielle du Front national ou de Jean-Louis Borloo. Au choix", déplore Bruno Le Maire."Il est temps de siffler la fin de la récréation", estime quant à lui Jean-Claude Gaudin, président des sénateurs UMP.
Cerise sur le gâteau : la conférence de Jérôme Lavrilleux, le directeur de cabinet de M. Copé, lors de laquelle il présente des photographies de procès-verbaux contestés (notamment à Nice, "ville pro-Fillon") avant de déclarer : "Nous ne voulions pas mettre sur la place publique les turpitudes délibérées de l'entourage zélé de M. Fillon".
"Les propos indignes et diffamatoires de M. Lavrilleux à mon égard trouveront la suite judiciaire qu'ils méritent", lui répond plus tard dans la journée Eric Ciotti, particulièrement visé par les déclarations de Jérôme Lavrilleux.