Sarkozy: "Il faut rétablir les heures supplémentaires dans la police"

Nicolas Sarkozy sur le plateau du 20h de France2, le 21 janvier 2015. - Capture France 2
Prendre de la hauteur et porter haut la parole, ferme, de l'UMP pour condamner le terrorisme. Invité mercredi soir sur France 2, Nicolas Sarkozy a opté pour un ton solennel pour évoquer les attentats qui ont frappé la France et les réponses à apporter, selon lui, pour lutter contre le terrorisme. "Ce qu'a connu notre pays va bien au-delà d'une attaque contre la liberté d'expression. Des terroristes ont déclaré la guerre à notre façon de vivre, de nous exprimer. C'est une guerre, a-t-il insisté, c'est notre civilisation qui est en cause, c'est des jihadistes barbares qui mènent cette guerre." Et de décrire "une situation très grave", "une menace permanente" et croissante, passant de "quelques jihadistes nationaux à des centaines."
Cinq réponses contre le terrorisme
Si Nicolas Sarkozy avait opté pour la retenue le temps qu'a duré l'unité nationale, le président de l'UMP entend désormais avancer ses pions sur les questions sécuritaires, thématique où il a semblé distancé par le tandem Valls-Cazeneuve depuis les attentats. Il a ainsi défendu cinq pistes pour lutter contre le terrorisme rapidement. "Nous n'avons pas le temps d'attendre les procédures budgétaires, de recrutement de fonctionnaires supplémentaires, qui sont naturellement bienvenus (...)", a déclaré l'ancien chef de l'Etat en réaction à la salve d'annonces du Premier ministre, mercredi matin.
Recourir aux heures supplémentaires
"Vous pouvez renforcer notre dispositif sans perdre de temps, en décidant immédiatement de rétablir les heures supplémentaires dans la police et dans les service de renseignement. Ce serait 4.000 postes d'équivalent temps plein", a soutenu Nicolas Sarkozy.
La déchéance de la nationalité
Autre proposition, déjà exprimée par l'UMP, celle de la déchéance de la nationalité française pour les jihadistes binationaux, afin "qu'ils ne puissent plus revenir sur le territoire français."
Créer des centre de déradicalisation
Objectif: traiter le problème à la racine. Sans chiffrer le nombre de centres qui seraient nécessaires -il n'existe actuellement en France qu'une seule "cellule de déradicalication".
- Instaurer un peine de sûreté pour les jihadistes
"Nous avions créé une peine de sûreté pour les violeurs. Et bien une fois qu'un jihadiste a effectué sa peine de prison, il doit passer par un de ces centres de déradicalisation", a expliqué l'ancien président.
Des imams formés par le CFCM
"Nous voulons un islam de France et non pas un islam en France. Concrètement, nous devons travailler sur la formation et le contrôle des imams, de façon à pouvoir expulser ou condamner les imams tenant des propos haineux sur notre territoire", a-t-il défendu, estimant que comme les précédentes populations étrangères "qui avaient fait un effort pour s'intégrer dans notre République", "l'islam doit faire cet effort".
- "Consterné" par les propos de Valls sur l'apartheid
Mais Nicolas Sarkozy a surtout confirmé ce que chacun pressentait depuis quelques jours déjà: l'union nationale est bel et bien finie. "Le climat d'union nationale, il était incontournable et indispensable", a tout d'abord convenu le président de l'UMP, qui s'est plié à la règle tacite de cette unité affichée. Après les attaques qui ont fait 17 morts, "si nous avions donné le spectacle de la division, de la politicaillerie, nous aurions été indignes", a poursuivi Nicolas Sarkozy. Mais selon lui, "l'unité nationale, ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas faire de propositions".
Cela ne veut sûrement pas dire qu'on ne peut pas critiquer le Premier ministre non plus, puisque Nicolas Sarkozy s'est dit "surpris" et "consterné" par les propos de Manuel Valls sur "l'apartheid". "Comparer la république française à l'apartheid est une faute", a jugé Nicolas Sarkozy. Mardi, le Premier ministre avait suscité la polémique en évoquant "un apartheid territorial, social et ethnique" en France. Un mot "maladroit", avait concédé le socialiste Jean-Jacques Urvoas mercredi matin sur BFMTV, qui avait beaucoup gêné à gauche.