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Jihad: comment travaille la seule cellule française de "déradicalisation"

Un millier de personnes seraient impliquées en France dans des filières jihadistes.

Un millier de personnes seraient impliquées en France dans des filières jihadistes. - AFP

Face aux candidats au jihad, un programme de "déradicalisation" tente de venir en aide aux familles en Seine-Saint-Denis. Objectif: lutter contre l'endoctrinement des jeunes et limiter les départs en Syrie ou en Irak. 

Comment faire pour lutter en amont contre l’embrigadement de jeunes dans l’islam radical? Il existe en France une cellule de prévention du terrorisme, créée en novembre dernier. Cette structure expérimentale, unique en France, tente de venir en aide aux familles démunies face à leurs enfants prêts à rejoindre l’Irak ou la Syrie pour faire le jihad.

Une équipe de psychologues, psychiatres et médiateurs religieux 

Dans cette structure, trente familles sont prises en charge. L’objectif est de "soigner" les candidats au jihad. Dans un appartement situé en Seine-Saint-Denis, les familles sont reçues par une équipe qui tente de leur venir en aide.

Des psychologues, psychiatres ou encore médiateurs religieux dialoguent avec les adolescents. "On a réussi il y a quelques mois de ça à faire en sorte que de très jeunes enfants ne partent pas, se félicite Sonia Imloul responsable de la cellule de prévention du terrorisme. Ils sont aujourd’hui rescolarisés, c’est un bon début". La méthode utilisée "dépend du profil, de l'histoire familiale, de l'histoire du jeune". Le premier travail effectué par les équipes de la cellule de déradicalisation est de transmettre "une autre vision de la religion" aux jeunes.

Des familles brisées

Les professionnels rencontrent aussi des familles dont les enfants sont déjà partis à l'étranger. "Actuellement, nous avons une dizaine de familles dont les enfants sont partis en Syrie", précise encore Sonia Imloul. C'est le cas de Valérie, maman d'une adolescente de 18 ans partie faire le jihad en Syrie. "Elle est partie un jour de la maison, on ne s'est rendu compte de rien, raconte Valérie au micro de BFMTV. Elle ne nous a jamais parlé de l'islam, du Coran. C'était une jeune fille moderne, à la mode". Par amour pour son petit ami, embrigadé par l'Etat islamique, elle a pourtant rejoint la Syrie en guerre. 

Des familles "totalement brisées" selon Sonia Imloul, auxquelles il faut venir en aide. Les familles "sont des victimes, elles ont perdu leurs enfants. Certaines ne les reverront jamais et elles le savent, elles en ont conscience". Le point essentiel pour ces familles en détresse, "ne pas rompre le lien" avec leur enfant.

Un numéro vert pour signaler des "ruptures"

Un numéro vert a justement été mis en place par le ministère de l’Intérieur pour signaler des cas suspects. Ce numéro, le 08.00.00.56.96, permet aux familles ou proches qui constatent une "rupture" de leur enfant de les signaler. Six mois après sa création, 625 cas ont été détectés.

Au bout du téléphone, un psychologue, des réservistes de la police ou des spécialistes de la police se relaient pour analyser les indices qui laissent penser à une radicalisation. On estime qu’un millier de personnes en France sont impliquées dans des filières jihadistes. Il s’agit en majorité d’une population jeune, de tous milieux. "Chacun d'entre nous peut être confronté à ça", constate Sonia Imloul.

C. B avec Céline Martelet, Fabrice Babin avec Antoine Heulard