BFMTV
Les Républicains

Sarkozy caresse les agriculteurs dans le sens du poil

placeholder video
C'est un Nicolas Sarkozy en campagne qui est venu au Salon de l'agriculture mercredi, n'hésitant pas à attaquer François Hollande et à se placer en recours à une profession en crise. Il a reçu un meilleur accueil que son successeur à l'Elysée.

"Il y a urgence à aider les éleveurs et à changer de Président." Nicolas Sarkozy a dépassé le stade des allusions mercredi au Salon de l'agriculture. S'il n'est toujours pas candidat déclaré à la primaire de son parti, l'ancien chef de l'Etat était bel et bien en campagne auprès d'un électorat traditionnellement acquis à la droite.

Le patron de Les Républicains n'a pas hésité à tirer à tout-va sur François Hollande: "Je ne sais pas si c'est le hasard, mais depuis que François Hollande est arrivé, on est passé du troisième rang d'exportateur mondial au cinquième. On est passé de 10 milliards d'euros d'excédent de la balance commerciale à 8 milliards", a dénoncé l'ancien Président, qui dit vouloir "stopper cette dégradation". Une accusation inexacte: la France est devenue cinquième exportatrice mondiale à partir de la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, relève Le Monde.fr

"Il n'y a pas de fatalité à condition qu'on ait du leadership", a-t-il lancé au stand des éleveurs porcins alors que la profession traverse une grave crise. N'hésitant pas à se placer sur le terrain de la confrontation, il a avancé, les yeux dans les yeux: "J'étais un Président qui a rassemblé".

Commentant la visite mouvementée de François Hollande samedi dernier, Nicolas Sarkozy a jugé qu'"en démocratie la violence n'est jamais une bonne chose". Il a cependant souligné qu'"il y a une désespérance, une angoisse très préoccupante".

Il est arrivé à 7h30 et a débuté sa visite par un petit-déjeuner avec des représentants de la FNSEA, principal syndicat agricole, dont son président Xavier Beulin, est souvent désigné comme le coupable de la dérive productiviste de l'agriculture française.

Nicolas Sarkozy est reparti à 14 heures après déambulé toute la matinée dans les stands sans rencontrer de manifestation d'hostilité, recevant au contraire un accueil chaleureux de la part du public, de nombreux visiteurs se bousculant pour le voir ou le prendre en photo.

"Nicolas Sarkozy est aujourd'hui au Salon de l'agriculture mais je vous rappellerai qu'en 2010, après une crise laitière, il n'avait pas fait l'inauguration, lui, du Salon de l'agriculture", a taclé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, interrogé sur les déclarations de Nicolas Sarkozy lors du compte-rendu du Conseil des ministres.

"La France ne peut pas laisser tomber sa ruralité"

Loin du "Casse-toi pauvre con" de 2008, Nicolas Sarkozy était plutôt à l'aise.

Les agriculteurs "sont des gens qui aiment leur travail, qui ont la passion, qui sont enthousiastes et qui ont du tempérament. C'est vraiment des valeurs dans lesquelles je peux me reconnaître: je suis enthousiaste et j'ai du tempérament", a souri le patron de Les Républicains.

"La France ne peut pas laisser tomber sa ruralité et son agriculture. Ce n'est pas un choix c'est une question de destinée", a poursuivi l'ancien chef de l'Etat.

"L'agriculture française, ce n'est pas une question de folklore, c'est une question identitaire", a-t-il ajouté sous des nuées de caméras.

"Un plan Marshall" pour l'agriculture

Interpellé par un producteur céréalier de la Moselle inquiet pour son avenir, Nicolas Sarkozy a indiqué que s'il était élu, "dès juillet 2017, il y aurait deux projets de loi simultanés, un à l'Assemblée nationale sur les économies des dépenses publiques, l'autre au Sénat sur une baisse des charges".

Il souhaite "un plan Marshall", pour sortir les agriculteurs de la crise qu'ils traversent. "A un euro investi pour la ville doit correspondre un euro pour la ruralité (...) Ce plan de plusieurs milliards d'euros sera la priorité de l'alternance en 2017", expose-t-il dans les colonnes du Parisien.

Sur la question du financement, l'ancien chef de l'Etat répond: "Nous organiserons une convention des Républicains le 9 mars pour annoncer des pistes fortes de réduction de la dépense publique, par exemple la reprise du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite dans l'Etat mais aussi, ce qui est nouveau, dans les collectivités locales". 

Et Nicolas Nicolas Sarkozy de rappeler que l'agriculture "est l'un des fers de lance de notre économie" et qu'"il faut donc décréter l'état d'urgence agricole."

Les courtisans de droite sont nombreux à défiler devant les vaches cette semaine. Pour la seule journée de mercredi, en plus de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et François Fillon étaient Porte de Versailles. 

Nicolas Sarkozy s'était entouré de Christian Jacob, Maud Fontenoy, et Daniel Fasquelle.

Karine Lambin avec Agathe Lambret