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La campagne pour le congrès LR est lancée, Wauquiez passe à l'offensive face à Retailleau

Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau

Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau - Ludovic MARIN / AFP

Le patron des députés LR envoie les premières flèches en direction du ministre de l'Intérieur, fort d'une montée en puissance depuis sa nomination place Beauvau et favori des électeurs de droite selon un récent sondage.

Dans la bataille qui les oppose pour la présidence du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ne veulent surtout pas prendre la responsabilité d'une "guerre des chefs". Cela affaiblirait leur formation, alors qu'elle retrouve tout juste des couleurs depuis son entrée au gouvernement. En guise de démonstration de leur bonne foi, les deux hommes affirment qu'ils ne font pas campagne l'un "contre" l'autre, cherchant à baisser la température.

Pour autant, la bataille est bel et bien lancée, d'autant plus après que le bureau politique de LR a validé les modalités du scrutin, qui se tiendra les 17 et 18 mars, avant un éventuel second tour la semaine suivante. D'ailleurs, le patron des députés LR et le ministre de l'Intérieur n'ont pas attendu ce feu vert pour passer à l'action. Dans cette séquence, Laurent Wauquiez - bien moins plébiscité que son adversaire par les électeurs de droite dans un récent sondage du Point - est le plus offensif. Nouvelle illustration ce mardi 18 février.

Wauquiez attaque Retailleau sur la liberté de parole...

Les impétrants sont invités de différents médias dans le même temps. Laurent Wauquiez répond aux questions de France 2. Il reprend deux angles d'attaque déjà déployés sur BFMTV ce dimanche. Premièrement, l'ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avance que le prochain patron de la boutique LR devra s'exprimer avec une "parole libre et indépendante" et ne pas être "prisonnier de la solidarité gouvernementale".

"Quand vous êtes dans un gouvernement et c’est normal, vous ne pouvez pas vous désolidariser du Premier ministre, vous ne pouvez pas vous désolidariser d’Emmanuel Macron", enfonce-t-il.

Laurent Wauquiez s'appuie sur l'actualité de la semaine. Mercredi, les parlementaires des commissions des lois du Sénat et de l'Assemblée nationale doivent s'opposer, ou non, à la nomination de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel, sur proposition d'Emmanuel Macron, très proche de l'ex-patron du Palais Bourbon.

"Bruno l’a très bien dit: en raison de la séparation des pouvoirs, il ne peut pas s’exprimer sur le sujet", rappelle-t-il, pendant que l'intéressé botte en touche depuis le plateau de TF1. Pour mieux l'affaiblir, Laurent Wauquiez donne une position très claire, en preuve de sa parole "totalement libre". Richard Ferrand? "Je pense que ce n’est pas un bon choix (...) C'est quelqu'un qui n'a pas d'expertise juridique (...) il vient de la gauche, ça a été un des principaux représentants de la macronie".

En face, le patron de la place Beauvau se défend d'avoir les pieds et les poings liés: "Tous les Français me connaissent, je n’ai jamais cédé sur rien. Ma liberté, c’est ma force", soutient-il. Surtout, Bruno Retailleau en fait un argument pour la présidence du parti, déclarant: "Si demain j’ai la confiance des adhérents, que je deviens chef de LR, alors j’aurai encore plus de poids au gouvernement et donc plus de liberté".

...Et sur un potentiel cummul de fonctions

Mais pourrait-il être à la fois chef de la droite et ministre de l'Intérieur? C'est le deuxième élément sur lequel joue Laurent Wauquiez. "Il y a d’une part l’action de nos ministres au gouvernement (...) D’autre part, au niveau de notre parti, il faut préparer un projet de rupture, un vrai projet de changement", distingue-t-il sur France 2.

Cette répartition avait fait l'objet d'un accord entre les deux hommes, selon le chef des députés LR. Une version réfutée par Bruno Retailleau, qui répliquait dans Le Parisien samedi: "S'il y avait eu un pacte, pourquoi aurait-il tenté d'entrer au gouvernement en décembre?"

Quant au potentiel cummul de fonctions, l'ancien patron des sénateurs LR prend sur TF1 l'exemple de Nicolas Sarkozy, qui fut patron de l'UMP et ministre de l'Intérieur avant de remporter la présidentielle de 2007. Il cite également François Bayrou, toujours président du Modem et maire de Pau depuis sa nomination comme Premier ministre, fin décembre.

Souhaitant éviter d'être un "ministre techno", il indique: "ce qui compte n’est pas seulement de diriger une administration, mais aussi de s’engager en politique".

Pendant que Laurent Wauquiez cherche également à se démarquer sur le fond, en haussant le ton sur le "travail" et la "lutte contre l'assistanat" dans son interview de dimanche sur BFMTV, Bruno Retailleau dément toute "différence de ligne" et se distingue plutôt sur le "tempérament". "Je pense que j’ai une capacité, que j’ai montrée ces derniers mois, à rassembler", souligne-t-il.

Pour l'instant, le Vendéen se contente principalement de répondre aux attaques de Laurent Wauquiez. A-t-il intérêt à s'exposer davantage, lui qui bénéficie déjà du soutien public de certains cadres comme Xavier Bertrand ou Jean-François Copé, de même qu'une hausse de popularité?

Baptiste Farge