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Affaire des écoutes: journée cruciale pour Nicolas Sarkozy

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Le président de l'UMP joue une manche judiciaire importante mercredi: la justice examine la validité des écoutes de ses conversations avec son avocat. En cas d'invalidation, le dossier contre Nicolas Sarkozy pourrait s'effondrer.

La journée était décisive pour Nicolas Sarkozy. La justice se penchait sur les écoutes de ses conversations avec Me Herzog, son avocat, et devait se prononcer sur leur validité. Saisie par Nicolas Sarkozy et les autres mis en examen -son avocat Me Thierry Herzog et Me Gilbert Azibert- la Cour d'appel de Paris rendra sa décision le 7 mai, soit quelques semaines avant que le président de l'UMP ne présente le nouveau nom du parti.

En cas d'invalidation de ces écoutes, c'est tout le dossier qui s'effondrera. Ces écoutes, initialement ordonnées dans l'enquête sur les accusations de financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, ont valu à l'ancien président d'avoir été le premier ex-chef de l'État placé en garde à vue.

Un poste à Monaco pour Azibert?

Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy et Me Herzog sont soupçonnés d'avoir tenté d'obtenir indûment auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation, Me Gilbert Azibert, des informations sur une décision attendue dans l'affaire Bettencourt, informations couvertes par le secret.

En échange, Nicolas Sarkozy aurait promis d'intervenir pour que ce magistrat obtienne un poste à Monaco. Au final, l'ex-président n'a pas obtenu gain de cause, ni Gilbert Azibert le poste convoité. Et, à en croire les écoutes, après avoir semblé l'envisager, Nicolas Sarkozy avait expliqué à son avocat avoir renoncé à cette intervention.

Les juges d'instruction Claire Thépaut et Patricia Simon, qui l'ont mis en examen pour "corruption active", "trafic d'influence actif" et "recel de violation du secret professionnel", s'interrogent également sur les conditions dans lesquelles l'ex-président a été informé de son placement sur écoutes.

Sarkozy s'interroge sur l'objectivité des magistrates

Nicolas Sarkozy avait vivement contesté la décision de le placer en garde à vue, y décelant une "volonté de (l')humilier publiquement". Il avait aussi mis en doute l'objectivité des magistrates, relevant l'appartenance de Claire Thépaut au Syndicat de la magistrature, marqué à gauche et qui avait vivement contesté sa politique pénale.

Devant les enquêteurs, refusant de s'exprimer sur des écoutes dont il a contesté la validité et qui représentent à ses yeux "un scandale", Nicolas Sarkozy a vu dans leur thèse "une insulte à (son) intelligence". Selon une source proche du dossier, en garde à vue, il avait relevé que "s'il avait vraiment voulu avoir des informations sur la Cour de cassation, il n'aurait pas eu besoin de passer par Gilbert Azibert, mais aurait pu contacter" deux hommes qu'il connaissait, le patron du parquet général Jean-Claude Marin ou le premier président de la haute juridiction de l'époque, Vincent Lamanda, ce qu'il n'avait pas fait. Il avait aussi nié avoir été informé de son placement sur écoutes.

Quant à sa ligne téléphonique au nom de Paul Bismuth, Nicolas Sarkozy expliquait communiquer depuis 2012 avec Me Herzog avec des portables fournis par celui-ci par souci de confidentialité. Et s'il avait concédé que Me Herzog l'avait sollicité pour "un coup de pouce à la candidature de Gilbert Azibert" à Monaco, il avait indiqué avoir accepté "sans que cela ait un lien avec les informations demandées". Il s'agissait d'ailleurs juste d'"informations d'ambiance", avait-il expliqué.

A. K. avec AFP