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Politique

Le PS joue la carte Sarkozy pour rassembler la gauche

François Hollande et Nicolas Sarkozy en mai 2012, au pied de l'Arc de Triomphe, à Paris.

François Hollande et Nicolas Sarkozy en mai 2012, au pied de l'Arc de Triomphe, à Paris. - Lionel Bonaventure - AFP

Loin d'inquiéter le PS, le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP est vu comme une double aubaine: la possibilité de se confronter à un interlocuteur unique de l'opposition et celle de mobiliser les sympathisants du PS et plus largement de la gauche contre la figure de l'ancien président.

Longtemps, le Parti socialiste n'a pas su à qui s'adresser pour répondre aux attaques de l'UMP. Depuis dimanche et l'élection à sa présidence de Nicolas Sarkozy, l'opposition a un nom et un visage, et le retour aux affaires de l'ancien chef de l'Etat ne semble pas déplaire au PS, ravi de retrouver "un adversaire". Dès l'issue du scrutin connue, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait salué "une bonne nouvelle pour la gauche" avant de proposer à Nicolas Sarkozy un débat d'égal à égal.

Mardi sur Europe 1, Brice Hortefeux a jugé que le patron du PS n'avait pas la carrure. Une façon aussi de valoriser la position de Nicolas Sarkozy, redevenu - et revenu en - chef de l'UMP après avoir été celui de l'Etat pendant cinq ans.

"Zorro cabossé sur un cheval boiteux"

Pour plusieurs socialistes, Nicolas Sarkozy a été "mal élu" avec son score de 64,5%. C'est une "victoire poussive", a ainsi commenté le secrétaire d'Etat Thierry Mandon, qualifiant l'ex-président de "Zorro cabossé sur un cheval boiteux". Ce n'est donc pas "le sauveur suprême que Nicolas Sarkozy prétendait être", a-t-il jugé.

"L'élection a montré qu'il n'y avait pas d'homme providentiel à l'UMP", a renchéri Olivier Faure, l'un des porte-parole du PS. 

C'est surtout important d'"avoir quelqu'un en face qui va présenter un projet. (...) Le gouvernement pourra aussi avoir un débat projet contre projet, le Parti socialiste contre l'UMP", s'est réjoui le ministre du Travail François Rebsamen. 

Sarkozy, rassembleur de la gauche?

Si François Hollande s'est pour sa part refusé à commenter le retour de son rival de 2012, le contexte politique a changé, à moins d'un an de deux échéances importantes: les départementales puis les régionales. Y verra-t-on un effet Sarkozy, ou au contraire une mobilisation de l'électorat de gauche?

"Contrairement aux municipales, on va rentrer dans un autre débat politique, avec une droite en face et ses propositions, notamment celle de réaliser 150 milliards d'euros d'économies", juge Christophe Borgel, secrétaire national du PS chargé des élections. Ces élections seront "le premier grand rendez-vous de Sarkozy", estime un ténor PS. "Il va en faire un point de mobilisation et de différenciation avec (Alain) Juppé", qui entend le défier à la primaire de 2016.

Le sénateur Luc Carvounas, proche de Manuel Valls, espère quant à lui que l'élection de Nicolas Sarkozy sera un "électrochoc permettant de nous rassembler derrière notre président et notre gouvernement". Sa personnalité "clivante", explique une source proche de Hollande citée par l'AFP, doit permettre "le rassemblement". Soit précisément l'ambition de Nicolas Sarkozy... pour sa famille politique.

Samuel Auffray avec AFP