Le duel Fillon/Copé: vers l’implosion de l’UMP?

Jean-François Copé et François Fillon - -
L’UMP y survivra-t-elle ? Depuis dimanche soir, Jean-François Copé et François Fillon se disputent une victoire revendiquée par les deux camps. Le premier, actuel secrétaire général du parti, revendique 1 000 voix d’avance et a été le premier à se déclarer vainqueur. Mais quelques minutes plus tard, l’ancien Premier ministre le suivait, affirmant avoir 224 voix de plus. Cette guerre des nerfs s'est doublée d'accusations de fraudes mutuelles entre les deux camps. Dans la soirée, les proches de Jean-François Copé ont affirmé avoir constaté des « irrégularités » à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti, et à Paris, où François Fillon est élu. Si les deux hommes affirmaient qu’ils se rassembleraient derrière le gagnant au lendemain du vote, la situation paraît maintenant plus complexe.
« Des incompatibilités quant aux doctrines du parti »
Selon le politologue Nicolas Tenzer, le parti ne pourra pas recoller les morceaux, quelle que soit la configuration. Si François Fillon est élu, il estime que « ça va être très difficile, car il y a des tensions extrêmement fortes, des incompatibilités quant aux doctrines, aux idées, au positionnement du parti. D’autant plus que Jean-Louis Borloo avec l’UDI a réussi à créer une force au centre un peu plus crédible et il n’est pas du tout improbable qu’un certain nombre qui en auraient assez de ces luttes intestines au sein de l’UMP décident de franchir le pas ».
« Vraisemblablement une scission »
Quant à Jean-François Copé, le politologue estime « qu’il n'a pas la possibilité de rassembler. Les rivalités, les haines accumulées, un certain nombre de pressions qu’ont pu subir les militants, ont été à ce point fortes, que je crois que beaucoup que de grands élus de l’UMP vont être tentés de former un parti à part. Alors peut-être que certains rejoindront l’UDI de Jean-Louis Borloo, mais il y aura vraisemblablement une scission ».
« Totalement contraire à leurs intérêts de casser la machine »
En revanche pour Thomas Guénolé, politologue, chercheur au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et spécialiste des droites, l’UMP tiendra tout simplement car personne ne le laissera tomber. « Il n’y a aucune chance qu’elle explose parce que pour la classe politique qui tient le parti en question, c’est-à-dire des gens qui veulent avoir une carrière d’élu, il est totalement contraire à leurs intérêts de casser la machine. Et je ne crois pas à la création d’un nouveau parti pour une raison simple : l’offre politique d’une ligne plus d’extrême droite, ça existe déjà, ça s’appelle le Front national, et plus au centre, ça existe déjà, ça s’appelle l’UDI ».
Pour savoir qui l’emportera, et qui devra maintenir le pays, il faut donc attendre les résultats officiels. La commission en charge de la veille du scrutin à l’uMP reprend ses examens ce lundi à 10h.