Le coup de poker de Fillon

Les Coulisses de la politique avec Véronique Jacquier, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -
François Fillon a soumis l'idée hier à Nicolas Sarkozy lors de leur déjeuner en tête à tête, et l'ancien président a donné son approbation. François Fillon a déjà le scénario: le scrutin pourrait être organisé en janvier par une commission indépendante, et surtout pas par le parti qu'il juge verrouillé par Jean-François Copé. Alors depuis lundi soir, les lieutenants de Fillon essaient d'imposer cette idée dans l'opinion. L'initiative est aussi soutenue par des ténors du parti comme Alain Juppé ou Nathalie Kosciusko-Morizet qui a lancé une pétition pour organiser un nouveau scrutin et déjà recueilli 16 500 signatures. François Fillon se dit qu'il peut reprendre la main pour déloger Jean-François Copé de la présidence de l'UMP.
Est-ce possible de faire revoter les militants ?
Un scrutin en janvier paraît difficile, car il faut plusieurs semaines pour organiser une élection. Et puis qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'on rejoue l'élection entre deux hommes en faisant fi des parrainages ? Dans le climat explosif actuel, c'est périlleux. Ça n'effraie pas Jean-François Copé qui, évidemment, rejette l'idée d'un nouveau vote. L'un de ses proches m'a confié que pour eux, Fillon était un joueur de poker qui, depuis une semaine, avait perdu tous ses coups. L'idée de revoter pour les copéistes, c'est du bluff.
Quelles autres cartes Fillon a-t-il dans sa manche s'il réunit ses troupes ce lundi matin ?
L'autre idée, c'est la création d'un groupe parlementaire à l'Assemblée. La tentation est grande pour les fillonistes, parce que Jean-François Copé n'est pas perçu comme un grand démocrate au sein du parti, et les perdants du jour ont peur de se voir refuser les investitures pour les élections municipales de 2014. Ils redoutent aussi que les copéistes leur refusent du temps de parole à l'Assemblée. Valérie Pécresse et François Baroin savent que la vengeance de Copé à leur encontre va être terrible. Ils poussent donc François Fillon à créer un groupe. Ira t'il jusqu'au bout ? Rien n'est moins sûr.
Pourquoi ?
L'idée d'avoir deux groupes parlementaires sous la bannière UMP est ridicule. Il faudrait au moins que la ligne politique soit différente or, sur le fond, elle ne l'est pas. François Fillon est lucide. Ensuite, l'intérêt de la réunion de ce matin, c'est « Fillon combien de divisions ? » La semaine dernière, ils étaient 134 autour de l'ancien Premier ministre. Combien ce matin de députés et de sénateurs pour défier Jean-François Copé ? C'est donc l'heure de vérité pour François Fillon qui garde une dernière carte à abattre : saisir la justice pour contester l'élection. Suite au prochain épisode.
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