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Le choc Fillon-Copé inquiète les parlementaires UMP

Poignée de main entre François Fillon et Jean-François Copé

Poignée de main entre François Fillon et Jean-François Copé - -

Ils n'ont parlé que de ça : le duel Copé-Fillon a animé les journées parlementaires de l'UMP, ce jeudi à Marcq-en-Baroeul (Nord). Les débats ont notamment porté sur le « racisme anti-blanc » dénoncé par Jean-François Copé.

L'affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP a dominé jeudi les journées parlementaires du parti où, malgré la concorde de façade, beaucoup s'inquiétaient des répercussions de ce duel sur la crédibilité de la nouvelle opposition. L'ancien Premier ministre et le secrétaire général de l'UMP, qui s'étaient évités depuis le début de la campagne officieuse pour le scrutin interne des 18 et 25 novembre, se sont serré la main lors du déjeuner des parlementaires à Marcq-en-Baroeul (Nord), où ils ont fait table commune.

« On peut s'embrasser aussi si vous voulez »

« On peut s'embrasser aussi si vous voulez », a lancé François Fillon aux journalistes qui attendaient cette brève rencontre. « Ne les tente pas ! », a répliqué Jean-François Copé. Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, a plaisanté à la reprise des débats sur « la photo du siècle, de l'année, du millénaire » alors que le député de Paris et le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) s'asseyaient côte à côte avec un sourire de circonstance. Un meeting devait les réunir en fin de journée. « On espère que tout cela ne va pas polluer nos travaux. Notre crédibilité, il faut l'asseoir maintenant, pas dans trois ans », a commenté l'ancien ministre du Budget Eric Woerth, soutien de François Fillon, à la veille de la présentation du budget 2013. « On aurait pu commencer notre job d'opposant au moment du budget, on aurait pu aller plus vite dans le calendrier de l'élection, mais en même temps, il faut assumer ce scrutin », a-t-il ajouté.

« Ce n’est pas le sujet principal de préoccupation des Français »

L'ancien président de l'Assemblée Bernard Accoyer, qui n'a pas pris parti dans le duel Copé-Fillon et s'inquiète des risques de dérapage, a souhaité que l'opposition de droite « ne perde ni son énergie ni son intelligence en affrontements de personnes ». « La vie du groupe doit être totalement indépendante de celle du mouvement », a-t-il souligné.
L'écho médiatique de la prise de position de Jean-François Copé contre le « racisme anti-Blanc », argumentaire accueilli avec réserve moins sur le fond que sur la forme par la majorité des cadres du parti, résonnait de fait en coulisses jeudi. « La discussion budgétaire risque de souffrir de ça », a estimé Hervé Mariton. « Est-ce que c'est le sujet principal de préoccupation des Français ? Je ne le pense pas », ajoutait Eric Woerth.

« Ce n’est pas en copiant les extrémistes que… »

« Ce que souhaitent les Français, les militants, au fond d'eux-mêmes, c'est un apaisement réformateur, actif, pas un endormissement à la François Hollande », souligne Eric Woerth. « Ce n'est pas en clivant qu'on apaise », ajoute-t-il à l'adresse de Jean-François Copé.
Laurent Wauquiez, lieutenant de François Fillon, est cinglant : « Ce n'est pas en se déportant sur un discours calé sur celui du FN qu'on assure la cohérence de notre famille politique ». « Ce n'est pas une façon de faire de la politique, on n'est pas là pour accroître les tensions », renchérit Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Jean-François Copé, dont le "Manifeste pour une droite décomplexée" paraît le 3 octobre, persiste : « On ne doit pas avoir de complexes, il faut dire les choses telles qu'elles sont ».
François Fillon, qui s'était démarqué mercredi de son adversaire avec nuance, a durci le trait lors d'une rencontre jeudi matin avec des élus du Nord à Tourcoing. « Il faut faire attention aux mots qu'on emploie, à ce que ces mots n'allument pas de mèche ». Une interview de l'ex-Premier ministre au site Atlantico.fr, diffusée dans l'après-midi, a ravivé les tensions, confortant l'inquiétude ambiante. « Ce n'est pas en copiant les extrémistes que nous convaincrons nos électeurs ni même ceux qui votent pour le Front national », dit-il.

La rédaction avec Reuters