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Le baromètre des éditorialistes: "La gauche est en train de mourir"

Jean-Christophe Cambadélis et Benoît Hamon.

Jean-Christophe Cambadélis et Benoît Hamon. - Montage BFMTV

La République en marche ressort largement en tête du premier tour des législatives avec 32,32% des voix. Une position de force qui devrait lui assurer plus de 400 députés à l'Assemblée à l'issue du second tour. Les éditorialistes de BFMTV analysent ce lundi la recomposition politique à venir.

Le parti présidentiel arrive en tête des législatives et pourrait obtenir entre 400 et 455 députés dans la prochaine Assemblée nationale. La droite enregistre un fort recul, alors que la gauche connaît l'un de ses pires scores historiques. De quoi recomposer en profondeur le paysage politique pour les prochaines années.

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> Laurent Neumann: "On va assister à une recomposition formidable"

"La recomposition a commencé après ce premier tour des législatives, celle qui est induite par la campagne présidentielle. 95 députés PS sortants ont été éliminés. Des noms que vous voyez tous les jours. Cela concerne absolument tout le monde: des légitimistes, des frondeurs, des gens célèbres, d’autres dans l’ombre, des gens très bien implantés dans leur département, d’autres un peu moins, qui avaient été parachutés. Ceux qui arrivent à s’en sortir se comptent sur les doigts d’une main: ce sont ceux qui n’avaient pas de candidats La République en marche face à eux. On va assister, à droite comme à gauche, à une recomposition formidable, les couteaux sont déjà sortis, on l’a bien compris, depuis l’entre-deux tours à gauche. Chez Les Républicains, on a décidé d’attendre le lendemain du second tour pour régler les comptes. Cela ira vite à droite, car dès le début de la mandature il faudra prendre une décision: voter la confiance ou pas. A ce moment-là, il y aura sans doute déjà un début de scission à droite".

> Camille Langlade: "Une Macronmania à l'Assemblée mais pas chez les Français"

"On assiste à un bouleversement dans l’hémicycle, il se distingue par son ampleur. Le record était fixé à 1993, quand la droite avait raflé 484 députés sur 577 au total, mais c’était une alliance RPR/UDF. L’autre repère, c’est 1958, après l’élection du général de Gaulle. Son parti avait raflé 425 députés de droite. En Marche pourrait arriver à ce record également. C’est donc une amplification du premier tour de la présidentielle. Emmanuel Macron passe de 24% à la présidentielle à plus de 32%. Il y a une Macronmania à l’Assemblée, oui, mais pas chez les Français, puisqu’avec ce taux record d’abstention, cela ne représente qu’environ 15% des inscrits, c’est très faible en nombre de voix. Ce qui suscite une inquiétude chez les opposants d’Emmanuel Macron, face à cette chambre monocolore, hégémonique. Pas de triomphalisme, pas d’hégémonie non plus, promet le mouvement En Marche, qui doit transformer l’essai et surtout appeler à la mobilisation d’ici le second tour."

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> Christophe Barbier: "La gauche est en train de disparaître"

"La révolution portée par En Marche secoue la droite et ravage surtout la gauche. Le chef du parti est balayé, l’ancien candidat à la présidentielle, qui avait gagné la primaire haut la main, balayé. Quinze anciens ministres de Hollande, balayés. D’autres sont en ballotage défavorable: Jean-Jacques Urvoas, Najat Vallaud-Belkacem… Que vous ayez été au cœur de la machine hollandaise, que vous ayez été frondeur, que vous ayez incarné une sorte de renouvellement ou bien le classicisme mitterrandien comme Elisabeth Guigou, vous êtes balayé. C’est donc bien la gauche qui est en train de mourir, puisqu’elle n’est pas battue par une autre forme de gauche. La France insoumise fait un score décevant et aura peu de députés. La gauche est battue par le transfert vers Emmanuel Macron et vers En Marche de toutes ces forces électorales. Nous sommes à la fin de la gauche. 12%, c’est ce qu’avaient fait comme pire résultat les socialistes, en 1962 aux législatives, alors que les communistes étaient très forts. Aujourd’hui, ils sont bien en-dessous des socialistes. La gauche est en train de disparaître, une partie est intégrée à En Marche. Une autre gauche viendra des réformes qui seront menées dans les mois qui viennent, des congrès de refondation, mais cela prendra beaucoup de temps, parce que même les jeunes sont au tapis, il n’y aura pas de renouvellement naturel."

Charlie Vandekerkhove