La mairie de Barcelone en ligne de mire, Valls passe à la vitesse supérieure

Il laisse planer le doute, mais doit se déclarer ce mois-ci. Depuis plusieurs mois, Manuel Valls maintient le suspense sur sa volonté de se présenter à la mairie de Barcelone, en Espagne, pour les municipales de mai prochain. L'ancien Premier ministre, né à Barcelone où il a grandi, mais naturalisé français, avait annoncé dès avril qu'il envisageait d'être candidat. En attendant l'annonce officielle, qu'il a promise pour septembre, il multiplie les allers-retours dans la capitale catalane, dînant avec des gens de la société civile, des milieux économiques, politiques et culturels. Manuel Valls est passé à la vitesse supérieure.
Il va enseigner dans une école de commerce
Comme le rapporte le quotidien espagnol El Mundo, un riche chef d'entreprise catalan aurait proposé de financer sa campagne, proposant également son aide logistique et ses contacts. Et d'après La Vanguardia, son équipe de campagne serait déjà constituée, et aurait pour particularité d'être transversale, Manuel Valls, soutenu par Ciudadanos, ne souhaitant pas se présenter sous l'étiquette d'un seul parti. Ce mercredi, il a en outre annoncé qu'il allait donner des cours dans une prestigieuse école de commerce de la ville, l'Esade. Trois heures hebdomadaires sur le thème "processus migratoire et géographie urbaine".
Le lendemain, ce jeudi, l'ancien Premier ministre français présentait l'ouvrage qu'il vient de publier, Anatomia del procés, écrit avec une dizaine d'autres personnalités. Une prestation de deux heures dans une librairie catalane, au cours de laquelle il a dénoncé le processus indépendantiste et érigé Barcelone en capitale ouverte sur le monde.
"Le nationalisme crée des frontières, des tranchées, désigne des ennemis. Ou tu es un traître, ou tu es indépendantiste. Ou tu es fasciste ou indépendantiste. (...) Le pire du nationalisme est qu'il fait souffrir la région ou le pays dans lequel il prospère", a-t-il notamment déclaré.
Bientôt installé à Barcelone?
Attendu sur place par de nombreux journalistes, Manuel Valls s'est refusé à évoquer une éventuelle candidature. "Vous ne pouvez pas savoir, c’est un plaisir de vous retrouver", a-t-il simplement lancé tout sourire en français, avant d'enchaîner en catalan. Pour son cousin Luis Valls, cela ne fait pas de doute, il va avouer ses intentions très bientôt. "Je crois qu’il attend le moment opportun. Cela lancera sa campagne, et il pourra commencer à expliquer son projet", explique-t-il sur notre antenne.
Comme le rapporte Le Parisien, Manuel Valls dort pour l'instant à l'hôtel à chaque fois qu'il se rend en Espagne, rendant en parallèle visite à sa soeur dans la maison familiale du quartier d'Horta, au nord de la ville. Mais cela ne devrait plus durer, croit savoir l'écrivaine Nuria Amat, qui participe à sa campagne.
"Il va s'installer ici. Cette candidature est un changement de vie" pour celui qui est toujours député de l'Essonne, selon elle.
Une candidature risquée
Mais son projet de candidature ne ravit pas tout le monde. "Il a échoué en France, alors il vient chez nous", estime ainsi la maire actuelle de la ville, Ada Colau, citée par Le Parisien. En juin dernier, Le Monde rapportait que sur la chaîne TV3, Roser Capdevila, cousine de Manuel Valls et célèbre auteure et illustratrice favorable à l'indépendance de la Catalogne, estimait qu'il avait été un bon maire d'Evry, et qu'il ferait bien de se présenter à la mairie... de Paris, "parce qu'il la connaît bien". Pour la politologue Mariona Tomas, de l'université de Barcelone, sa candidature, dans une ville où il ne vit pas pour l'instant, est en effet risquée, et il devrait éviter d'aborder de trop près des sujets locaux.
"Pour lui c’est plus facile d’avoir un discours général, sur la Catalogne, sur l’Espagne. Son intérêt, c’est plutôt que le débat soit pas ancré local, parce qu’il est moins fort ici", analyse-t-elle sur notre antenne.