BFMTV
La France Insoumise

La France insoumise décide ce mardi du retour ou non d'Adrien Quatennens dans son groupe

placeholder video
Quatre insoumis ont auditionné Adrien Quatennens, suspendu de leurs rangs depuis le mois de décembre. La sanction arrivant à son terme, les députés LFI doivent se prononcer sur son éventuel retour au sein du groupe, après la présentation des conclusions de l'audition de ce dernier.

Un éventuel retour qui fait déjà grincer des dents à gauche. Adrien Quatennens pourrait de nouveau faire partie du groupe La France insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale à partir de ce 13 avril. Son groupe l'avait suspendu au préalable pour quatre mois, en raison de sa condamnation le 11 décembre dernier à quatre mois de prison avec sursis pour des violences conjugales envers son épouse, Céline Quatennens.

Selon des informations du Parisien et de France Inter, une équipe paritaire de quatre députés insoumis aux points de vue différents sur le sujet a été chargée d'auditionner l'élu du Nord ces derniers jours. Ils doivent rendre les conclusions de cette audition devant les 74 autres parlementaires du groupe ce mardi.

Adrien Quatennens a commencé son stage

"On va arriver à un vote et ce sera à la majorité, comme la dernière fois, chacun se rangera à la décision du groupe", indiquait Manuel Bompard, coordinateur national de LFI et proche d'Adrien Quatennens, dans Le Parisien. Pour autant ce processus n'est pas encore entériné. D'après un stratège insoumis interrogé par France Inter, "l'idée est de voir si on peut avoir un consensus sans vote".

Le groupe avait imposé une condition au trentenaire: en vue d'une éventuelle réintégration, il devait effectuer "un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes auprès d'associations féministes".

Selon les informations du Parisien, Adrien Quatennens a commencé un stage "il y a un mois", auprès d'une association avec laquelle il a conclu un "accord de confidentialité". Celui-ci doit s'achever dans les prochaines semaines.

Contre-offensive et malaise dans son propre camp

Mais cela sera-t-il suffisant aux yeux de certains insoumis? Certains n'avaient que très peu goûté à la contre-offensive de leur collègue. Le soir même de sa condamnation, il donnait une interview à la Voix du Nord pour dénoncer un "lynchage médiatique".

Le lendemain, le député décrivait sur BFMTV une relation amoureuse "pas violente" mais "difficile depuis environ deux ans". Concernant la gifle donnée à son épouse, il évoquait une "dispute sérieuse avec des menaces réciproques".

De quoi fragiliser son camp et pousser des insoumis à prendre leurs distances. "Comme beaucoup, je ressens un profond malaise face aux interviews d'Adrien Quatennens", avait par exemple tweeté l'eurodéputée Manon Aubry.

Autre motif de crispation: le Lillois annonçait, lors de ce même entretien sur BFMTV, son intention d'effectuer un retour à l'Assemblée nationale "dès que possible, vraisemblablement au mois de janvier" durant "la reprise des travaux parlementaires". Soit au moment même où commencerait la bataille des retraites.

Le 10 janvier, jour de présentation du projet de loi par Élisabeth Borne, Alexis Corbière déclarait ainsi: "Au vu du moment médiatique aujourd'hui, ce serait une erreur que d'autres choses viennent parasiter ce moment".

Des élus Nupes avaient quitté l'hémicycle lors de sa prise de parole

L'intéressé était finalement revenu le lendemain au Palais Bourbon en tant que député non-inscrit, mettant fin ainsi à une période d'absence qui s'écoulait depuis le mois de septembre.

Quelques semaines plus tard, Adrien Quatennens avait pris la parole dans l'hémicycle pour la première fois depuis son retour, lors de l'examen de la réforme des retraites. Son intervention lui avait valu de nombreuses critiques émanant de la majorité, mais aussi de son camp.

En signe de contestation les élus écologistes Sandrine Rousseau, Sandra Regol et Marie-Charlotte Garin avaient quitté l'hémicycle. D'autres, comme l'insoumis Sébastien Delogu, par ailleurs proche de Jean-Luc Mélenchon, s'étaient levés pour marquer leur soutien au député du Nord.

"Ce serait une erreur"

A gauche, les partenaires de La France insoumise s'opposent à un retour d'Adrien Quatennens dans le groupe insoumis et celui de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). "Ce serait une erreur", a estimé Boris Vallaud, chef des députés socialistes, ce dimanche sur RTL-Le Figaro-LCI. "Ça ne peut pas être un interlocuteur comme il l'a été avant", a-t-il ajouté, tout en interrogeant:

"Est-ce que le meilleur juge, ce n'est pas l'électeur lui même?"

Façon de renvoyer le sort du député à une nouvelle élection. Plus tôt dans la semaine, Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), avait exprimé la même position, déclarant sur France Info:

"Pour moi, [Adrien Quatennens] ne peut pas siéger dans les rangs de la Nupes."

Et la conseillère municipale d'opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) de glisser:

"Je sais qu'au sein même du groupe La France insoumise (LFI), il y a beaucoup de désaccords que j'entends parfaitement, donc je leur souhaite bon courage".

Baptiste Farge