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La droite renvoie toute autocritique à l'après-régionales

Le Premier ministre François Fillon et les dirigeants de l'UMP ont renvoyé mardi toute autocritique sur leur stratégie et celle du gouvernement à l'après-second tour des élections régionales, dimanche. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Charles Platiau

Le Premier ministre François Fillon et les dirigeants de l'UMP ont renvoyé mardi toute autocritique sur leur stratégie et celle du gouvernement à l'après-second tour des élections régionales, dimanche. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Charles Platiau - -

par Emmanuel Jarry PARIS - Le Premier ministre François Fillon et les dirigeants de l'UMP ont renvoyé mardi toute autocritique sur leur stratégie et...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre François Fillon et les dirigeants de l'UMP ont renvoyé mardi toute autocritique sur leur stratégie et celle du gouvernement à l'après-second tour des élections régionales, dimanche.

Le mauvais score de l'UMP et de ses alliés (26,2%) au premier tour a été suivi par une pluie de critiques d'élus de la majorité, dont le ton tranche avec les "éléments de langage" adoptés au sommet du parti et de l'Etat.

François Fillon a réuni mardi matin au siège de l'UMP le Comité de la majorité, qui rassemble les dirigeants du parti majoritaire et des formations satellites - Nouveau Centre, Parti radical, Parti chrétien démocrate, Les Progressistes, Gauche moderne, Mouvement pour la France, CNPT (chasseurs et pêcheurs).

La réunion, qui a duré trois quarts d'heure, avait surtout pour objet d'afficher l'unité des partis de la majorité.

"Le Parti socialiste et les Verts sont en train de se partager les vice-présidences, les présidences de commission et les voitures de fonction (...) Le changement, c'est nous qui l'incarnons", a dit François Fillon, qui a réitéré son espoir de reprendre à la gauche certaines des 24 régions qu'elle contrôle.

Il a mis en doute l'"éthique" et la "morale" des dirigeants socialistes, notamment en Languedoc-Roussillon, où ils appellent à faire barrage à la droite après avoir improvisé au premier tour une liste face à Georges Frêche, le président sortant exclu du PS pour dérapages verbaux à répétition.

Mais le Premier ministre, interrogé par la presse sur la grogne croissante de militants, de cadres et d'élus de l'UMP, a aussi demandé le silence dans les rangs de son parti :

"Ceux qui choisissent l'entre-deux-tours pour formuler des critiques sur l'action du gouvernement de leur formation politique, ce ne sont pas des caractères bien trempés."

"Après le second tour, il est toujours temps de tirer des enseignements de la manière dont les choses ont été conduites", a-t-il ajouté. "Entre les deux tours, nous sommes engagés ensemble dans un combat et tous ceux qui veulent, par des critiques qui sont des critiques inutiles, affaiblir la majorité, commettent une faute contre cette majorité."

PAS D'AVERTISSEMENT SANS FRAIS ?

Pas d'examen de conscience à l'UMP avant le 21 mars, donc, ont confirmé des dirigeants du parti majoritaire.

Même Christine Boutin, qui représentait son Parti chrétien démocrate, a mis une sourdine à ses états d'âme et s'est bornée à constater en aparté que l'électorat de droite était déboussolé - "Il est certain qu'il y a des interrogations", a-t-elle dit.

La presse était encore pleine mardi des aigreurs d'élus UMP reprochant pêle-mêle au président Nicolas Sarkozy sa stratégie d'union des partis de la majorité dès le premier tour, des réformes comme la taxe carbone, sa politique d'ouverture à gauche, voire son style - un cocktail responsable à leurs yeux de la désaffection des électeurs de droite.

Beaucoup lui reprochent de nier la dimension nationale de ce scrutin, l'invitent à retrouver les "fondamentaux de la droite" ou, comme le député Jacques Myard dans Le Parisien, à donner une "plus grande visibilité à son action, avec plus de classicisme".

Avant même le second tour, la chasse au bouc émissaire semble ouverte, alors que Nicolas Sarkozy a averti par avance qu'il ne procéderait pas à un remaniement de grande ampleur.

Sont ainsi cités dans les cercles proches du gouvernement ou dans la majorité parlementaire le ministre de l'Immigration Eric Besson, coupable d'un débat sur l'identité nationale qui a semé le trouble, ou le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand.

"Ce n'est pas vraiment là que ça se passe", estime cependant Christine Boutin, regard plutôt tourné vers le sommet de l'Etat.

Le sénateur UMP Ladislas Poniatowksi estime que le très fort taux d'abstention (53,64%) enregistré au premier tour, dimanche, est "un avertissement à l'égard du président de la République".

Pour le député-maire de Bordeaux Alain Juppé, "quand il y a avertissement, il y a toujours des frais".

Et "les frais, c'est peut-être de revoir les calendriers et les processus qui sont en cours", a-t-il ajouté sur Europe 1.

Sur son blog, l'ancien Premier ministre juge qu'"une réflexion s'impose désormais sur le rythme des réformes (...), la façon dont elles peuvent être mieux comprises et acceptées par une opinion que la crise déboussole".

Il diagnostique aussi un "affaiblissement de l'UMP", qui devra selon lui méditer la désaffection dont elle est l'objet.

Avec le service France, édité par Sophie Louet