La botte secrète de Copé pour battre Fillon

Jean-François Copé a provoqué le débat hier en parlant de « racisme anti-blanc » dans certains quartiers… On va évidemment vous expliquer pourquoi il a choisi de dire cela maintenant. Mais d’abord, est-ce choquant ?

C’est « un racisme dont on ne parle pas, et qui est une grande souffrance pour beaucoup de nos compatriotes », selon Jean-François Copé. Est-ce que c’est faux ? Non. Certains Français blancs se sont déjà fait traités de « sale gaulois » dans certains quartiers parce qu’il n’avait pas la même couleur de peau ou la même religion. Il y a des tensions entre communautés et elles se manifestent par la même bêtise, celle qui se fonde sur la différence de couleur de peau, dans un sens comme dans l’autre.
D’ailleurs, Jean-François Copé n’est pas le seul, à droite comme à gauche, à le dire. Sans parler du Front national, le patron des sénateurs socialistes François Rebsamen a dit hier sur le talk orange Le Figaro que « ça peut exister » et il a même donné l’exemple de certaines réactions stupides lors de la minute de silence dans les écoles en mémoire des victimes de Mohamed Merah.
Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, parlait dans son livre en mars 2012 de l’existence « du racisme anti-blanc, dont chacun peut convenir sans mal ni complaisance qu’il existe et qu’il est aussi stupide et condamnable que tout autre ».

Alors finalement, est-ce condamnable ? Pourquoi cette polémique hier sur les propos de Jean-François Copé ?

Pour deux raisons. Parce qu’opposer le racisme anti-blanc contre le racisme anti-noir ou anti-arabe, c’est évidemment risquer de légitimer les deux racismes, c’est encore une fois chercher à opposer les Français les uns contre les autres. Et ça, vous voulez que je vous dise, on en a assez.
Ensuite parce que cette déclaration est électoraliste. Jean-François Copé est en campagne contre François Fillon pour la présidence de l’UMP. Et, alors qu’il est donné perdant, il a décidé de choisir une ligne politique d’une droite décomplexée, qui n’hésite pas à flatter les penchants populistes des adhérents de l’UMP. Une ligne politique que ne renierait pas le Front national qui parlait hier de « Copé-Collé ».
Le Front national avec qui 68% des électeurs de l’UMP étaient favorables à un rapprochement aux législatives, rappelait hier un proche de Jean-François Copé.
« Une droite décomplexée » c’est justement le titre du livre de Jean-François Copé qui va sortir la semaine prochaine. Copé qui se serait rapproché de Patrick Buisson, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy qui a plaidé pendant tout le quinquennat pour une droite qui s’assume et brise les tabous.
Une droite décomplexée c’est autre exemple un député de la Droite populaire Philippe Meunier qui a expliqué lundi à l’assemblée que « si les Français ont une idée très négative des logements sociaux, c'est uniquement dû au fait qu'ils sont très souvent attribués d'abord à des ressortissants étrangers ».

Jean-François Copé cherche la polémique uniquement pour gagner contre Fillon ?

Oui, parce que c’est sa seule chance de l’emporter face à Fillon. François Fillon qui est clairement plus modéré, plus centriste sur le plan des idées et qui, dans les duels PS-FN, expliquait que la priorité était quand même de battre le FN. Bref, Fillon qui se veut déjà rassembleur en vue de la prochaine élection présidentielle se retrouve débordé sur sa droite par un Jean-François Copé qui sait que l’élection se jouera avec les adhérents de l’UMP, les électeurs les plus mobilisés et les plus décomplexés. Jean-François Copé ne s’embarrasse pas d’états d’âme, et fait sienne la devise : « la fin justifie les moyens »… Ce qui est intéressant, c’est que dans cette élection du président de l’UMP, c’est aussi la définition de la ligne politique de la droite qui se joue. Ça va commencer à devenir passionnant

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Christophe Jakubyszyn