Immigration: Taubira juge "absurde de vouloir endiguer la circulation humaine"

Christiane Taubira au campus de l'université de New York, le 29 janvier 2016. - Jewel Samad - AFP
Christiane Taubira estime dans un long entretien publié ce lundi sur le site du trimestriel Regards que la loi antiterroriste, entrée en vigueur le 1er novembre dernier, "pose une inquiétude de fond".
"À partir du moment où l’on considère que l’on peut introduire dans le droit commun, qui nous concerne tous, des dispositions d’exception, on est fondé à s’interroger: 'Sommes-nous encore dans un Etat de droit?'", interroge-t-elle..
L'ex-garde des Sceaux estime qu'à ce titre, 'il a été "introduit quelque chose de vénéneux dans la loi, dans l’Etat de droit et dans la démocratie" et regrette que cela "ne suscite pas de débat".
L'ancienne ministre se prononce aussi dans cet entretien sur le projet de loi "asile et immigration", jugeant qu'il est "absurde de vouloir endiguer cette circulation humaine juste pour satisfaire une partie de l’opinion publique". Elle estime néanmoins nécessaire de "penser le monde et notre rapport" à ces circulations "parce qu'elles vont s'intensifier".
"Fermeté et humanité", des "mots marketing"
"Effrayer l’opinion publique européenne parce qu’un peu moins d’un million de personnes arrivent aux portes de l’Europe, de 500 millions d’habitants, il y a un moment où il faut peut-être opposer les choses", nuance-t-elle.
Interrogée sur les termes de "fermeté et humanité" employés par le gouvernement pour qualifier le traitement des migrants, Christiane Taubira dénonce un lexique "marketing". En 2015, alors qu'elle était encore au gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls avait lui aussi prôné "humanité, responsabilité et fermeté" sur cette question.
"En dehors du marketing, cette juxtaposition des mots 'fermeté et humanité' n’a pas de sens", affirme-t-elle aujourd'hui à Regards.